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HERSART DE LA VILLEMARQUé THéODORE (1815 - 1895)

Collecte à partir des années 1830 en Bretagne (Côtes-d'Armor, Finistère, Morbihan).

Elève libre à l'école des Chartes, philologue. L'un des tout premiers à s'intéresser et à attirer l'attention sur les antiquités celtiques, dans le contexte romantique de la première moitié du XIXe siècle. Publie le Dictionnaire français-breton de Le Gonidec en 1857. Chevalier de la Légion d'honneur en 1846, élu membre libre de l'Académie des inscriptions et belles lettres en 1854.
La Villemarqué est le premier en France à publier un recueil de « chants populaires », présentés comme ayant été recueillis auprès de populations paysannes analphabètes. Son ouvrage, le Barzaz-Breiz (1839), connaîtra un grand engouement dans les milieux littéraires, notamment après sa réédition de 1845-1846 (suscitant, entre autres, l'enthousiasme de George Sand), puis fera l'objet de vives critiques après celle de 1867 (mise en cause de la sincérité de la collecte par François-Marie Luzel en 1869 et 1872, puis par Francis Gourvil en 1960), avant que la redécouverte de ses carnets d'enquête et leur étude par Donatien Laurent à partir de 1974 ne démontre la réalité de la collecte (les textes ayant été, à l'instar des pratiques de l'époque, celles des frères Grimm par exemple, en grande partie remaniés et enjolivés, et peut-être parfois inventés).
(Carreau, Bérose, BNF, Wikipédia).

Publications concernant ou contenant des chansons ou de la musique traditionnelle.

- Barzaz-Breiz, chants populaires de la Bretagne. Paris, Charpentier, 1839, 2 volumes.
Cette première édition contient 28 mélodies, publiées en fin du volume 2, dont 27 sont reprises en 1846 (15 à l'identique, 12 avec des différences), et toutes en 1869 (13 à l'identique, 15 avec des différences).
Consultable sur le site des médiathèques de Quimper :
Tome 1
Tome 2

- Barzaz-Breiz, chants populaires de la Bretagne, quatrième édition. Paris, A. Franck, 1846 (date fictive sans doute pour 1845), 2 volumes.
Cette édition, revue et augmentée, contient 46 mélodies, dont de nombreuses avec accompagnement, publiées en début du volume 2, toutes reprises dans la suivante (41 à l'identique à l'introduction d'erreurs près, et 5 avec des différences).
Consultable sur le site des médiathèques de Quimper
Tome 1
Tome 2
ou sur le site de la bibliothèque numérique de Lyon
Tome 1 
Tome 2
ou sur archive.org
Tome 1
Tome 2

- Barzaz-Breiz, chants populaires de la Bretagne, sixième édition. Paris, Didier et Cie, 1867, 1 volume.
C'est l'édition définitive, qui sera reprise dans les rééditions en fac-similé ultérieures. Contient 73 mélodies, situées en fin de volume, dépouillées de tout accompagnement, mais contenant d'assez nombreuses erreurs, notamment pour les mélodies reprises de l'édition de 1846.
Consultable sur le site de la bibliothèque numérique de Lyon
ou sur
archive.org

Commentaire Van Gennep (n° 4782) :
« d'inspiration populaire vraie, ces chants ont été arrangés par H. de la Villemarqué ; il existe toute une littérature polémique sur le problème de leur authenticité. »
Commentaire Coirault (qui n'utilise pas directement le Barzaz Breiz dans son répertoire) :
- [A propos des remaniements des textes collectés :] « Nombre de collecteurs n'ont été fidèles qu'à une tradition séculaire d'infidélité (3). Note 3 : C'était, d'après Luzel, une des traditions de La Villemarqué, qui n'a pas été seul à la suivre » (Notre Chanson Folklorique p. 32 et n. 3)
- Parle de ses « Barzaz-Breiz ossianisés. » (Idem, p. 299). (Allusion aux Poèmes d'Ossian, publiés à la fin du 18e siècle par James Macpherson, qui connurent un énorme succès en Europe, donnant naissance à la « celtomanie » et au genre littéraire pré-romantique dit « ossianisme » qui influença Walter Scott, Goethe, Chateaubriand, Musset... Après cet engouement, ils ont été généralement considérés comme étant le fruit d'une supercherie, jusqu'aux travaux de Derick Thomson dans les années 1950 qui relativisent la part d'invention de Macpherson).
- « Après sa cueillette, son premier mouvement [à l'antiquaire] allait à corriger, rectifier, afin de restaurer, de rétablir (4). Note 4 : De la Villemarqué est sans doute un modèle de ces renouvellements à la Viollet-le-Duc. » (Idem p. 313 et n. 4).

- « Les précurseurs de nos études, Chateaubriand », Revue des Traditions populaires, août 1888, p. 418-421.
Contient 1 mélodie (consultable également sur notre page Revue des Traditions populaires).

Remarques
La Villemarqué donne des renseignements sur les conditions de sa collecte, de manière différente selon les éditions : peu dans l'édition de 1839, ajout de renseignements précis sur la localisation et le nom de ses informateurs dans celle de 1846, lesquels ajouts disparaissent en 1867.
Cinq chants seulement ne sont pas localisés, les autres l'étant soit de manière précise (nom de commune, voire de lieu-dit, ou de zones plus larges : Monts d'Arrée), soit, le plus souvent, par la mention du type de dialecte (Cornouaille, pays de Vannes, de Léon, de Tréguier). Ces localisations peuvent varier selon l'édition, Nous les mentionnons toutes, ainsi que les noms de ses informateurs tels qu'ils apparaissent, ou pas, selon l'édition.
Nous donnons toutes ces indications telles que La Villemarqué les a fournies : ce n'est en effet pas ici, faute de place, le lieu de reprendre en détail la querelle sur l'authenticité de sa collecte. Le sujet a été débattu depuis la deuxième moitié du XIXe siècle, et, comme dit Van Gennep, la littérature est nombreuse. Le mieux à faire est de renvoyer aux derniers travaux, et précisément à ceux qui traitent des conditions de la collecte et des renseignements disponibles sur les informateurs de la Villemarqué.
On pourra tout d'abord se reporter à la présentation du Barzaz Breiz publiée par François Postic sur Bérose :
Bérose 411
ainsi qu'à la bibliographie sur le même site publiée par Nelly Blanchard :
Bérose 733
Il faut bien évidemment mentionner les travaux de Donatien Laurent :
- Les Premières collectes de La Villemarqué, 1833-1840 : aux origines du "Barzaz-Breiz", Brest, Centre de recherche bretonne et celtique, 1974.
- La Villemarqué, collecteur de chants populaires : études des sources du premier Barzaz-Breiz à partir des originaux de collecte (1833-1840), Thèse de doctorat d'Etat, Paris, Université René Descartes, 1974.
- Aux sources du "Barzaz-Breiz" : la mémoire d'un peuple, Douarnenez, Le Chasse-Marée / ArMen, 1989.
On pourra facilement se reporter au travail de Goulven Péron sur les informateurs de La Villemarqué :
- Les chanteurs du Barzaz-Breiz à la lumière des carnets de collecte de La Villemarqué. Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, Presses Universitaires de Rennes, 2020.
Consultable ici
et, du même auteur,
- La Villemarqué et les chants arthuriens du Barzaz-Breiz : entre revendications des collectes et recours à l’imaginaire.
Consultable ici
Enfin, les carnets d'enquête de la Villemarqué sont consultables sur la Bibliothèque numérique du Centre de recherche bretonne et celtique :
Premier carnet
Deuxième carnet
Troisième carnet
On trouvera les transcriptions et traductions de ces carnets faites par Donatien Laurent et Nelly Blanchard sur :
Carnet n° 1
Carnet n° 2
Carnet n° 3

La querelle sur la sincérité et l'authenticité de la collecte de la Villemarqué porte sur les textes qu'il recueille et publie, et non sur les mélodies. A notre connaissance (et merci par avance à qui nous détrompera), elles n'ont pas été l'objet d'un travail critique comparable à celui qui a porté sur les textes. Le sous-titre du Barzaz Breiz indique que les chants ont été « recueillis et publiés » par Th. de la Villemarqué, « avec une traduction française, des éclaircissements, des notes et les mélodies originales ». Si rien ne dit que la Villemarqué n'ait pas lui-même recueilli les mélodies, rien n'affirme l'inverse. Une partie de ses textes ont été recueillis par sa mère, Marie-Ursule Feydeau de Vaugien : musique comprise ?
Au contraire d'un trop grand nombre d'auteurs dont, selon le mot de Coirault, les « poésies [textes verbaux recueillis] sont veuves de tous les airs », La Villemarqué se montre un véritable précurseur, en associant étroitement, du moins dans l'intention, texte et musique :
« Pour satisfaire un dernier vœu, j'ai complété par toutes les mélodies bretonnes originales, dont j'avais publié seulement quelques-unes , les paroles des pièces de cette collection. Si l'air ne fait pas la chanson, quoi que dise le proverbe, il a son importance et les paroles ne sont qu'une des parties de toute chanson. Selon le conseil de mon savant confrère, M. Vincent, chaque air a été écrit tel qu'il a été entendu, sans aucun changement et sans accompagnements. » (Préface, p. X, éd. 1867).
L'enthousiasme que peut générer cette déclaration de principe demande cependant à être quelque peu modéré. La Villemarqué dit, dans la préface de l'édition de 1846 (p. vij), qu'afin d'obtenir un texte complet, il s'est fait « répéter, souvent jusqu'à quinze et vingt fois par différentes personnes » les chansons. Il y a donc lieu de penser que les mélodies sont des mélodies « moyennes », ne correspondant à aucune performance réelle d'un de ses informateurs.
D'autre part, près de la moitié (12 sur 27) des mélodies publiées en 1839 et reprises en 1846 ont subi des modifications, rythmiques, et parfois mélodiques. Est-ce que ce sont de simples rectifications d'erreurs contenues dans la première notation des airs collectés, ou bien est-ce le résultat d'un travail de réécriture musicale ? Il est évidemment à noter que ces corrections accompagnent le travail d'harmonisation fait en 1846, ce qui renforce la deuxième hypothèse.
Entre les trois éditions, il y a eu un constant travail de remaniement de la graphie du breton. Nous laissons le soin aux spécialistes de vérifier comment ce travail a accompagné une réécriture des textes. En ce qui concerne les mélodies, on peut se demander dans quelle mesure elles ont pu être réécrites pour correspondre au texte lui-même réécrit. Et l'on peut de même rester perplexe quant à l'affirmation de La Villemarqué citée plus haut selon laquelle il a « complété par toutes les mélodies […] les paroles » des chansons : de nombreux textes, publiés sans mélodie dans les éditions de 1829 et 1846, se voient en 1867 attribuer une mention « même air que... », attribution qui peut sembler bien tardive et peut-être un peu forcée. Ajoutons le cas d'une mélodie entièrement refaite d'une édition à l'autre, ainsi que le cas d'un changement de mélodie pour telle autre chanson. Tout cela mériterait certainement une étude plus approfondie, que nous appelons de nos vœux.

Si l'accompagnement musical disparaît en 1869, les rectifications de 1846 demeurent : 5 mélodies seulement sur 46 présentent des différences entre ces deux éditions (dont 1 entièrement refaite). En revanche, l'édition de 1869 comporte de nombreuses erreurs de notation, parfois introduites dans les partitions reprises de 1846. Nous en avons corrigé certaines (les plus évidentes), et laissé en place les autres, le tout étant signalé dans les fichiers « Partition ».

Patrice Coirault n'utilise pas directement La Villemarqué dans son Répertoire des chansons traditionnelles. Il cite la traduction que Gustave Boisson publie dans ses Poèmes bretons tirés du Barzaz-Breiz de M. de la Villemarqué (Paris, Havard, 1888). Mais les chansons-types auxquelles sont renvoyées les quelques références à Boisson ne correspondent pas du tout au texte des chants : une erreur s'est glissée quelque part, qu'il nous fallait signaler.

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