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Victor Alard

Musicien ambulant.
Livre + CD

27,00
Ref. AEPEM 18/01

Agnès Unterberger nous propose, avec les contributions
de Tiennet Simonnin, Fabrice Lenormand et Marc Anthony,
un ouvrage retraçant la vie de Victor Alard.


Victor Alard (1905-1955) c’est d’abord une figure de cabretaïre réservée, un style mélodique reconnaissable entre tous, empreint de sobriété et de poésie. Laissant derrière lui son enfance avec les dernières années du XIXe siècle, cet interprète est au cœur de la montée en puissance et de la structuration du mouvement folkloriste entre les deux guerres, période phare de son activité artistique parisienne. Tandis que les loisirs s’amplifient et se transforment, la cabrette, moins en vogue dans les bals, a cependant ses hérauts, qui font aussi entendre leur voix au travers d’enregistrements sonores.
Avec son instrument, Alard, musicien ambulant à part entière, sillonne la capitale, la banlieue, voyage, sans oublier son « pays » où il recommence à tourner après la guerre avant sa mort prématurée. S’appuyant sur des documents d’archives pour la plupart inédits, c’est le parcours singulier de cet interprète emblématique des musiciens traditionnels du Massif Central que cet ouvrage évoque, sous un angle à la fois biographique et socioculturel, en lien avec le contexte familial et amicaliste dans lequel il évolua.

Une analyse musicale de son jeu, ainsi que celui de ses accompagnateurs Joseph Aigueperse et Léon Guéniffet, vient compléter cette étude en fin de volume.

Un cd joint à l’ouvrage propose à l’écoute la totalité des airs enregistrés par Victor Alard sur 78 tours dans les années 1930.


Revue de presse et témoignages
Agnès Unterberger travaille de manière très rigoureuse.
Après Amadieu et Ranvier, c'est à la biographie de Victor Alard que s'est attaquée Agnès Unterberger dans le présent ouvrage. Trois personnages qui ont en commun, outre le fait d'avoir œuvré dans le milieu de la cabrette à Paris, d'être tout aussi renommés auprès des spécialistes de l'instrument, que peu connus d'un public trad. à peine plus large. Rappelons donc que Victor Alard (1905, 1955) fut un Auvergnat de Paris, né dans la capitale d'une famille aveyronnaise. Cabretaire rapidement reconnu, il vécu de sa musique uniquement jusqu'à la seconde guerre mondiale. Les hasards du conflit mondial lui firent son épouse alsacienne qui le conduisit à laisser Paris et son instrument pour aller s'occuper d'une conserverie strasbourgeoise. Il ne jouera plus qu'épisodiquement lors de vacances au pays puis pour un retour dans le petit monde des banquets d'amicalistes quelques temps à peine avant sa mort subite. Il nous a laissé plus d'une vingtaine d'enregistrements, en duo ou trio avec accordéon et/ou vielle qui permettent d'apprécier un style de jeu qui semble à l'image du personnage : stylé, efficace mais discret. Un style que l'on peut entendre sur les 20 plages du CD joint qui regroupe la quasi-intégralité de ses enregistrements et que nous décryptent, en annexe à l'ouvrage, Tiennet Simonnin et Fabrice Lenormand. Tiennet analysant également celui de son compère accordéoniste Joseph Aigueperse et Marc Anthony celui du vielleux Guéniffet qui l'accompagna également sur certains enregistrements. Le fait d'étudier le jeu de ces deux autres musiciens est d'ailleurs à l'image de l'ensemble de l'ouvrage qui bien que centré sur Victor Alard, couvre tout son entourage, à commencer naturellement par sa famille, ses collègues musiciens et plus généralement, le monde amicaliste auvergnat de Paris et, il faut le souligner ici car bien moins souvent décrit, celui de la banlieue. Agnès Unterberger travaille en effet de manière très rigoureuse : tous les éléments cités sont précisément sourcés, voire reproduits, et très peu de place est laissée aux hypothèses (1). Une méthode scientifique qui peine toutefois à nous donner la proximité que l'on espérerait avec Victor Alard, d'autant que celui-ci a finalement laissé peu de témoignages sur sa personnalité. Ce sont les citations de Jean Bergheaud (2), qui nous le font le plus approcher mais comme ce dernier parle souvent d'eux deux à la première personne du pluriel et qu'ils n'avaient visiblement pas le même caractère, cela nous laisse encore sur notre faim… C'est donc finalement en regarant les nombreuses illustrations tout en l'écoutant que l'on tentera de deviner l'esprit qui se cache derrière ce visage impassible et ce style musical et que l'on cherchera à approcher le personnage, en ayant en tête tous les éléments de cette biographie détaillée.
(1) ce qui n'empêche pas certains, pourtant adeptes de la biographie romancée, de remettre en cause certains de ses écrits : voir la réponse d'Agnès et ses deux co-auteurs à des critiques émises à propos de leur ouvrage sur Amadieu : https://www.5planetes.com/fr/actualites/hjdgsjdshg . Du même coup, voir son article sur Jean Franc qui vient compléter l'ouvrage sur Amadieu : https://www.5planetes.com/fr/actualites/jean-franc-fabricant-de-cabrettes-a-paris-1828--1901
(2) recueillies jadis par E. Montbel et dont on a pu écouter et réécouter des extraits dans le fameux 33t des Musiciens routiniers dédié à ce cabrettaire en 1980...
Jean-Luc Matte http://musette.free.fr/infos.htm