Ref. AEPEM 15/04
Philippe Prieur (cornemuses 20 et 24 pouces)
Frédéric Paris (cistre, clarinette, accordéon, cornemuses 20 et 12 pouces)
Catherine Grimault (violon)
Jean Gaucher (violoncelles)
Bertrand Riffault (basse)
Invités : Colin Prieur (violon), Gilles Dubois (vielle à roue), Hervé Dupanier (chant). Texte dit par Eric Morisset.
CD Digipack, livret 12 pages.
Compositions : Philippe Prieur (22 titres), Alain Fournier (1 texte). Traditionnel Berry (2 titres).
Durée 50'14
« Dans cette « galette » – pour reprendre le mot même de son auteur (et, soyez en sûrs : « Y a du beûrre dedans ») – qui rassemble des airs composés au cours des années récentes, on peut percevoir de la gravité, du recueillement, mais loin de s’enfermer sur eux-mêmes, ils s’adressent à votre propre intimité ou s’ouvrent dans la joie sur les autres et le monde. En témoignent par exemple les solos de grande cornemuse d’une part, les airs invitant à la danse d’autre part. Et cette expansion hors de soi procède également de la présence, au côté de la cornemuse, de ses compagnes et compagnons, le violon, le violoncelle, la basse, la vielle et le sistre. A vous donc maintenant de les écouter et de laisser advenir vos propres « fantaisies », à l’instar du poète, qui à propos d’un air ancien qu’il chérissait entre tous, écrivait :
Or, chaque fois que je viens à l’entendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit »
Eric Morisset, extrait du livret.
Revue de presse et témoignagesBravos Trad Magazine.
1000 Bravos !!!
La 1ère chose à faire avant de lire ces quelques lignes, c’est d’ouvrir le n° 163 de votre journal préféré à la page 5 et de lire soigneusement la magnifique lettre écrite par J.-F. "Maxou" Heintzen à l’intention de Philippe Prieur.
La 2ème est de vous précipiter chez votre disquaire favori afin de faire très rapidement l’acquisition de cet album, l’un des plus beaux qu’il m’ait été donné d’entendre ces dernières années… Voire d’en acheter dès maintenant un 2ème au cas où le premier s’use prématurément !
La 3ème est de l’écouter toute affaire cessante et de vous laisser envahir par l’émotion : d’en savourer tant la beauté des mélodies et la qualité du jeu de ce "maître sonneur", que le son d’ensemble de l’album, ou les arrangements réalisés sur les compositions de ce Grand Monsieur, entouré pour l’affaire de F. Paris (cistre, clarinette, accordéon, musettes 12 et 20 p), C. Grimault (violon), J. Gaucher (violoncelle), B. Riffault (basse), et en invités, de C. Prieur (violon), G. Dubois (vielle à roue), H. Dupanier (chant) et E. Morisset (diction texte).
Pour ceux qui n’auraient pas eu la chance de l’entendre lors des rencontres de cornemuse (Savigny/Orge, mars 2015) ou dans l’album "Mélodies en sous sol" (Aepem 2014) consacré aux grandes cornemuses Centre France, sachez que P. Prieur est un Personnage avec un grand P ; l’un de ces grands musiciens dont la discrétion n’a d’égale que l’inspiration. Ce disque est le second enregistrement de ce musicien vigneron du Sancerrois, le premier, "Crue d’amour" date de 1985 et fut réédité par l’AMTA en 2001. Chapeau bas Monsieur Prieur !
François Saddi
Quatre enregistrements jouent dans la même catégorie
Je suis souvent tenté de faire des chroniques simultanées de deux albums, mais j’évite généralement de le faire car c’est ensuite moins pratique à réutiliser pour les groupes et éditeurs. Je vais faire une grosse exception ici en chroniquant d’un coup quatre albums, soit la production estivale d’AEPEM.
Inutile de préciser que le but n’est surtout pas d’établir un classement et que si je me permets de procéder ainsi c’est, au contraire, parce que ces quatre enregistrements jouent dans la même catégorie, y compris celui d’Emilie Dulieux présenté dans la collection « Roulez Jeunesse »mais qui bénéficie, tout de même, de l’appui du vieux routier qu’est Robert Amyot.
Question expérience, d’ailleurs il y a de quoi faire au sein des différents albums : après Didier Pauvert, Daniel Denécheau, Hervé Capel, Tiennet Simonin et Ludovic Rio (1), Michel Esbelin offre à sa cabrette l’accompagnement de l’accordéon chromatique de Claude Quintard, un musicien assez peu connu dans notre milieu mais sans aucun doute bien davantage dans le milieu auvergnat où, issue d'une famille de musiciens, il joue depuis son enfance. Son style de jeu dénote cette origine et le duo assure une belle cadence. C’est d'ailleurs incontestablement celui des quatre CD qui souffre le moins de l’effet studio et qui vous mettra le plus les fourmis dans les jambes. Est-il encore nécessaire de présenter le style de cabrette de Michel Esbelin ? Toujours en finesse, l’ornementation ne nuisant jamais à la lisibilité de la mélodie, distillant les picotages strictement au besoin et faisant généralement suivre un passage piqué de son homologue plus lié. Un jeu sans esbroufe mais très stylé.
On retrouve d’ailleurs cette économie de moyen chez Fabrice Lenormand aux 20 et 23 pouces au sein de La Perdrix Rouge, mais comme dans ce trio il assure davantage l’accompagnement de la 16 pouces de Philippe Beauger, ceci est moins flagrant que dans ses solos de « Mélodie en sous-sol ».
Si on imagine bien Michel Esbelin et Fabrice Lenormand analysant les ornements des anciens et affinant inlassablement leur jeu dans cet esprit, on a plus de mal à imaginer Philippe Prieur oeuvrant de même et pourtant, à l’écoute le résultat est du même tonneau : des ornements placés sobrement mais toujours à bon escient et toujours au service de la mélodie et de la cadence. Un style qui ne cherche pas à en mettre plein la vue mais qui vise à rendre justice, à valoriser les mélodies jouées, davantage que leur interprète (et comme l'interprète en est également l'auteur cela reste dans la famille !...).
Emilie Dulieux n’en est pas encore à ce stade, mais son jeu est tout à fait propre et bien équilibré. Je l’avais découverte lors du concert de présentation du CD « Mélodie en sous-sol » au Son Continu 2014, visiblement stressée de jouer à l’égale de toutes ces fines lames. Elle est naturellement plus à l’aise ici et, si elle n’a pas le bagage technique et l’aisance des musiciens cités ci-dessus (2), son jeu est tout à fait honorable et elle compense en nous offrant le CD certainement le plus varié des quatre, avec cornemuse en solo, duo voire quartet, violon, parties chantées, nickelharpa, clarinette etc.
Pour en finir avec les gonfleurs de poches, je n’ai pas encore vraiment évoqué Philippe Beauger qui reste pour moi, la bonne surprise de ces enregistrements : un musicien connu de longue date et d’un abord très sympathique mais que je n’avais finalement jamais vraiment eu l’occasion d’écouter jouer autrement qu’en bœuf. L’album de La Perdrix Rouge lui donne l’occasion d’assurer le premier rôle, vielle et grandes cornemuses étant naturellement plus prédisposées aux fonctions d’accompagnement, et il s’avère tout à fait à la hauteur du challenge avec un jeu très propre et expressif. Notons que l’album offre, en dehors des morceaux principalement en trio, pas mal de duos de cornemuses avec passages solo. Je regrette d’ailleurs que Guillaume Bouteloup à la vielle n’intervienne, de son côté, quasiment jamais en solo, son rôle consistant le plus souvent à entrer en troisième dans la danse pour faire monter la sauce tant sur le plan sonore que rythmique.
Si l’on excepte les passage de la 23 à la 20 pouces, le trio utilise une instrumentation des plus stables. Il en va naturellement de même du duo cabrette-accordéon de Michel Esbelin et Claude Quintard, l'usage de plusieurs pieds de cabrette permettant toutefois des changements de tonalité bienvenus pour éviter une certaine monotonie.
J’ai déjà cité la plus grande diversité de l’album d’Emilie Dulieux, reste à évoquer les accompagnateurs de Philippe Prieur car, si la pochette ne mentionne que son nom, il s’agit bien de l’album d’un ensemble (et non pas d’un soliste avec des invités intervenant au hasard des plages) : Philippe Prieur à la grande cornemuse naturellement (20 et 24 pouces), Frédéric Paris qui apporte aux arrangements sa couleur si personnelle, le plus souvent au cistre, parfois à la petite cornemuse (12 pouces), voire à la 20 pouces. Le mixage met ces deux musiciens un peu en avant (surtout si vous écoutez l’album dans des conditions non optimales) et c’est un peu dommage car le concert apéritif donné à Ars à permis à ceux qui ont eu la chance d’y assister, d’apprécier les prestations de Catherine Grimault au violon, de Bertrand Riffault à la basse électrique et, surtout de Jean Gaucher au violoncelle (souvenez vous du violoncelle des Escoliers de St-Genest ou du superbe « Où t'en va tu ? » au sein de la Mère Gaspard en 1992). J’ai regretté de ne pas retrouver tout ce détail sonore sur l’enregistrement avec, par exemple, ces passages ou la basse double parfaitement le violoncelle. Mais visiblement, le groupe a choisi de mettre le jeu de Philippe Prieur en avant… (on attend le live en public avec un mixage rendant davantage le son de groupe et qui ferait un beau complément au présent enregistrement mettant en avant le soliste...)
Côté répertoire, Jean Michel Péru qui veille au grain d’habitude afin de conserver la ligne éditoriale de la collection de l’AEPEM, a dû lâcher un peu de mou et les compositions sont bien plus nombreuses sur les différents albums, le plus traditionnel étant finalement celui d’Emilie. Mais naturellement les compositions sont bien dans l’esprit même si, de ci de là, un chromatisme laisse deviner une origine plus récente. Et sur le CD auvergnat, on relèvera l’usage de la catégorie « standards auvergnats » désignant des mélodies du milieu du XXème siècle, plus vraiment des traditionnels, aux compositeurs connus et souvent déposés auprès de la SACEM mais incontournables au répertoire d’un cabrettaire et qui plus est d'un accordéoniste auvergnat.
Naturellement tout cela est détaillé dans les livrets, toujours bien présentés sur fond d’assiette ancienne de Nevers (3) pour Philippe Prieur et avec tout de même de ma part une petite préférence pour l’originalité de la photo de cabrette-accordéon sur celui de Michel Esbelin (photo-montage de F Wojcik, il n’est pas inutile de le citer...) et les photos un peu plus anciennes à l'intérieur
(1) Et j'en oublie sans doute
(2) En écoutant en détail on relèvera des détachés répétés à l’identique un peu rigides ou des variations également bissées ce qui leur enlève leur spontanéïté apparente.
(3) Si je ne m'abuse car rien n'est précisé sur le livret à ce sujet...
Jean-Luc Matte, http://musette.free.fr/infos.htm, aout 2015
De la belle musique qui va droit au coeur
Non, Philippe Prieur (musettes 20 et 24 pouces) n'est pas tout seul dans ses 22 compositions, même s'il y a sur.cet album quelques très beaux solos de la grande cornemuse. On a également le plaisir d'entendre Frédéric Paris (cistre, accordéon, clarinette, musettes 20 et 12 pouces), Catherine Grimault-(violon), Jean Gaucher (Violoncelles), Bertrand Riffault (basse) et quelques invités dont-Gilles Dubois (vielle à roue). La sérénité est au rendez-vous, y compris dans les airs de danse. Violon et violoncelle interviennent avec des influences classiques bienvenues, de quoi diversifier les arrangements. De la belle musique qui va droit au coeur.
Marc Bauduin, Le Canard folk, octobre 2015
Four fine bagpipe recordings from a central French label which is releasing a lot of great music. Quintard and Esbelin play the music of the Auvergne, one of France's major traditions. Their combination of the warbling cabrette and continental button accordion is very traditional indeed. Bourrées, polkas, waltzes, marches, scottishes and mazurkas pour out with a fine swing, perfect for dancing. Esbelin's fluid piping is impressive, while Quintard's accordion basses provide plenty of rhythm. This duo has a repertoire of attractive tunes, some with unusual melodies, about half composed in living memory, including several by Claude and Michel themselves. The title track is a fine example, an idiosyncratic bourrée, the first part one bar short of a standard measure - typical Auvergnat.
Emilie Dulieux is a young piper on AEPEM's youth label, but despite the budget price this is a first class recording which includes several master musicians as guests. Emilie plays fiddle and sings as well as playing pipes in several pitches. There is also clarinet, keyboards, button accordion, hurdy-gurdy, nickelharpa, and three other pipers on this CD. La Noce du Papillon consists mainly of Emilie's duets with various instruments, plus several pieces on solo pipes. Most of Emilie's music is song melodies, airs, and slower dance tunes, all sweetly played.
La Perdrix Rouge take their name from a game bird, and a tune in its honour. This trio of two pipers and a gurdier make a fabulous noise, still very much the traditional sound of central France, but mainly their own compositions. The playing is delicate and precise - Belle Endormie is a beautiful example, an air by Fabrice Lenormand on solo long pipes. Mirefleurs showcases the shorter musette of Philippe Beauger on his own tune, and the percussive hurdy-gurdy of Guillaume Bouteloup. There are also some excellent pieces chosen from other sources: Patrick Bouffard's Valse Nouvelle, Brigitte Gamba's Barbara, some traditional bourrées, and an Italian waltz of all things.
Philippe Frieur's album is a bit funkier, mostly his own tunes on a musette pipe, lower pitch than usual at 20 and 24 inches, with a whole folk band behind him. Philippe plays some bransles and bourrées, but Joueur de Musette is more about listening than dancing. There are many great tune names here, such as the intriguing La Gravière, the imaginative Bourrées pour Musette en Ré, and the irresistible Guanaja-Fanny. Every one of these four CDs is well worth seeking out - try the website.
© Alex Monaghan