Ref. AEPEM 15/07
Emilie Dulieux : Cornemuses 16 pouces Béchonnet, 20 & 23 pouces, violon, voix
Invités : Robert Amyot : voix, clarinette, cornemuses 16, 20 & 26 pouces,
Amandine Dulieux : accordéon diatonique,
Philippe Cotton : cornemuse 16 pouces, Nickelharpa, voix,
Nicolas Henriot : vielles,
Jacques Lanfranchi : chabrette, cornemuse 26 pouces.
Digifile 3 volets. Indications des sources.
Traditionnel : Nivernais(6 titres), Berry (4 titres), Auvergne (1 titre), Limousin (5 titres) ; composition : Robert Amyot (1 titre).
Durée 33'25
« Une jeune femme pleine de talent, amoureuse de ces musiques traditionnelles du Centre France si mélodiques, et qui a su s’entourer d’une fine équipe. A découvrir absolument ! » AEPEM
Une collection de l’AEPEM pour découvrir les jeunes talents de la musique traditionnelle des pays de France
Revue de presse et témoignagesLa découverte d''une musicienne prometteuse
Cette jeune violoniste et joueuse de cornemuses 16 pouces Béchonnet, 20 et 23 pouces, se fait donc
connaître grâce à l’Aepem et à des invités de marque : Robert Amyot (voix, clarinette, cornemuses 16, 20 et 26 pouces), Jacques Lanfranchi (chabrette, cornemuse 26 pouces), Nicolas Henriot (vielles), Philippe Cotton (cornemuse 16 pouces, nyckelharpa, voix) ainsi qu’Amandine Dulieux (accordéon diatonique). Le répertoire, outre des bourrées, valses et scottishs, contient un grand nombre de chansons, tantôt interprétées en instrumental, tantôt chantées. Le chant n''est cependant pas le point fort de ce disque, en remarquant quand même qu''une brève apparition d’Emilie Dulieux au chant première voix laisse apparaître de belles possibilités. Voilà en tout cas pas mal d''instrumentaux solides, avec le beau répertoire auquel le label nous a habitués, et la découverte d''une musicienne prometteuse.
Marc Bauduin, Le Canard folk, octobre 2015
Quatre enregistrements jouent dans la même catégorie
Je suis souvent tenté de faire des chroniques simultanées de deux albums, mais j’évite généralement de le faire car c’est ensuite moins pratique à réutiliser pour les groupes et éditeurs. Je vais faire une grosse exception ici en chroniquant d’un coup quatre albums, soit la production estivale d’AEPEM.
Inutile de préciser que le but n’est surtout pas d’établir un classement et que si je me permets de procéder ainsi c’est, au contraire, parce que ces quatre enregistrements jouent dans la même catégorie, y compris celui d’Emilie Dulieux présenté dans la collection « Roulez Jeunesse »mais qui bénéficie, tout de même, de l’appui du vieux routier qu’est Robert Amyot.
Question expérience, d’ailleurs il y a de quoi faire au sein des différents albums : après Didier Pauvert, Daniel Denécheau, Hervé Capel, Tiennet Simonin et Ludovic Rio (1), Michel Esbelin offre à sa cabrette l’accompagnement de l’accordéon chromatique de Claude Quintard, un musicien assez peu connu dans notre milieu mais sans aucun doute bien davantage dans le milieu auvergnat où, issue d''une famille de musiciens, il joue depuis son enfance. Son style de jeu dénote cette origine et le duo assure une belle cadence. C’est d''ailleurs incontestablement celui des quatre CD qui souffre le moins de l’effet studio et qui vous mettra le plus les fourmis dans les jambes. Est-il encore nécessaire de présenter le style de cabrette de Michel Esbelin ? Toujours en finesse, l’ornementation ne nuisant jamais à la lisibilité de la mélodie, distillant les picotages strictement au besoin et faisant généralement suivre un passage piqué de son homologue plus lié. Un jeu sans esbroufe mais très stylé.
On retrouve d’ailleurs cette économie de moyen chez Fabrice Lenormand aux 20 et 23 pouces au sein de La Perdrix Rouge, mais comme dans ce trio il assure davantage l’accompagnement de la 16 pouces de Philippe Beauger, ceci est moins flagrant que dans ses solos de « Mélodie en sous-sol ».
Si on imagine bien Michel Esbelin et Fabrice Lenormand analysant les ornements des anciens et affinant inlassablement leur jeu dans cet esprit, on a plus de mal à imaginer Philippe Prieur oeuvrant de même et pourtant, à l’écoute le résultat est du même tonneau : des ornements placés sobrement mais toujours à bon escient et toujours au service de la mélodie et de la cadence. Un style qui ne cherche pas à en mettre plein la vue mais qui vise à rendre justice, à valoriser les mélodies jouées, davantage que leur interprète (et comme l''interprète en est également l''auteur cela reste dans la famille !...).
Emilie Dulieux n’en est pas encore à ce stade, mais son jeu est tout à fait propre et bien équilibré. Je l’avais découverte lors du concert de présentation du CD « Mélodie en sous-sol » au Son Continu 2014, visiblement stressée de jouer à l’égale de toutes ces fines lames. Elle est naturellement plus à l’aise ici et, si elle n’a pas le bagage technique et l’aisance des musiciens cités ci-dessus (2), son jeu est tout à fait honorable et elle compense en nous offrant le CD certainement le plus varié des quatre, avec cornemuse en solo, duo voire quartet, violon, parties chantées, nickelharpa, clarinette etc.
Pour en finir avec les gonfleurs de poches, je n’ai pas encore vraiment évoqué Philippe Beauger qui reste pour moi, la bonne surprise de ces enregistrements : un musicien connu de longue date et d’un abord très sympathique mais que je n’avais finalement jamais vraiment eu l’occasion d’écouter jouer autrement qu’en bœuf. L’album de La Perdrix Rouge lui donne l’occasion d’assurer le premier rôle, vielle et grandes cornemuses étant naturellement plus prédisposées aux fonctions d’accompagnement, et il s’avère tout à fait à la hauteur du challenge avec un jeu très propre et expressif. Notons que l’album offre, en dehors des morceaux principalement en trio, pas mal de duos de cornemuses avec passages solo. Je regrette d’ailleurs que Guillaume Bouteloup à la vielle n’intervienne, de son côté, quasiment jamais en solo, son rôle consistant le plus souvent à entrer en troisième dans la danse pour faire monter la sauce tant sur le plan sonore que rythmique.
Si l’on excepte les passage de la 23 à la 20 pouces, le trio utilise une instrumentation des plus stables. Il en va naturellement de même du duo cabrette-accordéon de Michel Esbelin et Claude Quintard, l''usage de plusieurs pieds de cabrette permettant toutefois des changements de tonalité bienvenus pour éviter une certaine monotonie.
J’ai déjà cité la plus grande diversité de l’album d’Emilie Dulieux, reste à évoquer les accompagnateurs de Philippe Prieur car, si la pochette ne mentionne que son nom, il s’agit bien de l’album d’un ensemble (et non pas d’un soliste avec des invités intervenant au hasard des plages) : Philippe Prieur à la grande cornemuse naturellement (20 et 24 pouces), Frédéric Paris qui apporte aux arrangements sa couleur si personnelle, le plus souvent au cistre, parfois à la petite cornemuse (12 pouces), voire à la 20 pouces. Le mixage met ces deux musiciens un peu en avant (surtout si vous écoutez l’album dans des conditions non optimales) et c’est un peu dommage car le concert apéritif donné à Ars à permis à ceux qui ont eu la chance d’y assister, d’apprécier les prestations de Catherine Grimault au violon, de Bertrand Riffault à la basse électrique et, surtout de Jean Gaucher au violoncelle (souvenez vous du violoncelle des Escoliers de St-Genest ou du superbe « Où t''en va tu ? » au sein de la Mère Gaspard en 1992). J’ai regretté de ne pas retrouver tout ce détail sonore sur l’enregistrement avec, par exemple, ces passages ou la basse double parfaitement le violoncelle. Mais visiblement, le groupe a choisi de mettre le jeu de Philippe Prieur en avant… (on attend le live en public avec un mixage rendant davantage le son de groupe et qui ferait un beau complément au présent enregistrement mettant en avant le soliste...)
Côté répertoire, Jean Michel Péru qui veille au grain d’habitude afin de conserver la ligne éditoriale de la collection de l’AEPEM, a dû lâcher un peu de mou et les compositions sont bien plus nombreuses sur les différents albums, le plus traditionnel étant finalement celui d’Emilie. Mais naturellement les compositions sont bien dans l’esprit même si, de ci de là, un chromatisme laisse deviner une origine plus récente. Et sur le CD auvergnat, on relèvera l’usage de la catégorie « standards auvergnats » désignant des mélodies du milieu du XXème siècle, plus vraiment des traditionnels, aux compositeurs connus et souvent déposés auprès de la SACEM mais incontournables au répertoire d’un cabrettaire et qui plus est d''un accordéoniste auvergnat.
Naturellement tout cela est détaillé dans les livrets, toujours bien présentés sur fond d’assiette ancienne de Nevers (3) pour Philippe Prieur et avec tout de même de ma part une petite préférence pour l’originalité de la photo de cabrette-accordéon sur celui de Michel Esbelin (photo-montage de F Wojcik, il n’est pas inutile de le citer...) et les photos un peu plus anciennes à l''intérieur
(1) Et j''en oublie sans doute
(2) En écoutant en détail on relèvera des détachés répétés à l’identique un peu rigides ou des variations également bissées ce qui leur enlève leur spontanéïté apparente.
(3) Si je ne m''abuse car rien n''est précisé sur le livret à ce sujet...
La collection de l’AEPEM « roulez jeunesse », la bien nommée, - destinée à découvrir les jeunes talents de la musique traditionnelle des pays de France - constitue l’écrin que mérite la proposition artistique d’ Emilie Dulieux. La jeune femme, particulièrement attachée aux répertoires de la région Centre France, propose ici le fruit d’une judicieuse sélection de pièces traditionnelles, recueillies en Bas-Berry, Nivernais, Limousin, Auvergne, et agrémentée d’une composition de Robert Amyot. Il s’agit là pour l’essentiel d’airs à danser (valse, scottish, bourrée, mazurka…) et de chansons. Emilie officie dans divers registres (cornemuses 16 pouces Béchonnet, 20 & 23 pouces, violon et voix). Cheminent à ses côtes Robert Amyot (voix, clarinette, cornemuses 16, 20 et 26 pouces) Amandine Dulieux (accordéon diatonique), Philippe Cotton (cornemuse 16 pouces, Nickelharpa, voix), Nicolas Henriot (vielle), Jacques Lanfranchi (chabrette, cornemuse 26 pouces). Ce compagnonnage instrumental confère à ce disque un espace sonore agréable et diversifié, au sein duquel la jeune interprète affirme de bien talentueuses dispositions qui perdureront sans nul doute bien au delà de l’éphémère existence d’un papillon.
Alain Bormann TRAD''Magazine n°166