Ref. AEPEM 16/01
Laurence Dupré : violons, voix
Olivier Wely : violons, alto, voix
CD Digifile, livret 12 pages. Indication des sources.
Traditionnel : Auvergne, Limousin et Rouergue (22 titres) ; adaptation : Jean-Sébastien Bach (1 titre) ; compositions : Laurence Dupré (1 titre), Olivier Wely (3 titres).
Durée 48'18
Le répertoire des musiques traditionnelles d’Auvergne et du Limousin et quelques vagabondages périphériques que nous avons choisis pour ce disque est au promeneur ce que le sable est à la plage. De loin, elle donne l’impression d’une surface unie, presque uniforme, mais de près, elle s’avère composée de milliers de grains, tous différents les uns des autres, et constituée d’autant de matières composites.
Dans cette diversité nous nous sommes à nouveau glissés. Et plutôt que de vouloir la narrer telle qu’elle apparaît, nous avons voulu faire corps avec elle. Nous apercevoir qu’au moment de jouer, une voix, des voix, sans nom, nous précédaient et que peut-être, il nous suffisait d’enchaîner à leur suite, sans y prendre garde, comme si elles nous avaient fait un signe en se tenant, en suspens, à nos côtés.
Si, comme le dit Edmund Husserl, la tradition est « l’oubli des origines », la recherche des fragments perdus, oubliés de cette histoire nous a permis de construire un autre récit, de « rénover le passé», et d’en avoir une lecture vivante. En ce sens chaque mélodie et leurs interprètes témoignent à leur manière d’une profonde modernité dans la mesure où se joue ici une rupture. Elle confronte deux mondes, celui des violoneux, les vrais « Modernes », et nous, leurs éternels débiteurs. La matière qui nous a été livrée est riche de complexité, de créativité et de liberté. Elle est profondément inscrite dans un quotidien qui révèle un réel débarrassé des oripeaux de l’imaginaire. « Le réel n’est jamais « ce qu’on pourrait croire » mais il est toujours ce qu’on aurait dû penser ».
Dans ce nouvel opus, nous avons voulu jouer avec l’énergie, la cadence, en laissant certaines mélodies nous ensorceler. Nous les avons ornées des diverses influences musicales avec lesquelles nous cheminons depuis que nous nous sommes engagés dans cette aventure.
Que l’auditeur se laisse envoûter par le plaisir que nous avons eu autant à écrire cet album qu’à l’interpréter « et qu’il estime perdue toute journée où il n’aura pas dansé au moins une fois ».
Extrait du livret
Revue de presse et témoignagesDzouga!
Enfachinaires
Qui, espérons-le, continueront à nous envoûter encore longtemps.
On l'attendait, ce deuxième album, après le "Fatcha Peta Lou Peis" (2007. ayant reçu un "Bravos !Trad mag), et presque dix ans entre les deux. Et même si l'effet de surprise du premier album nous avait tous fortement émus par cette nouveauté dans la façon d'aborder les thèmes traditionnels du violon sans les dénaturer, ce deuxième opus est resté fidèle à l'esprit du duo toujours composé par Laurence Dupré et Olivier Welv. Le couple violonistique nous offre ici non seulement un travail de recherche sur les différentes façons de faire tourner les bourrées au violon (qui sont au nombre de sept sur les quinze titres). mais en plus c’est avec une valse et une magnifique version de La fille d »un fermier qui nous permet de goûter à la voix subtile d’Olivier Wely. Les surprises ne s'arrêtent pas là. Car les jeux des deux violoneux nous entraînent dans des "duos-duels" très sympathiques. Et c'est avec la suite de polkas piquées très connues (Se tas paur que lo lop s'espine / Pinton / Le pas piqué) qu’ils ont complètement remaniées avec subtilité et hardiesse, redonnant à ces “vieux tubes de bal” un vent de fraîcheur. Je pensais avoir presque tout entendu, mais le duo redouble de nouveau avec brio la démonstration (s'il en était besoin ?) des racines communes de la musique baroque et du trad‘, avec la suite de mazurka (Mazurka à Gaston Pouget / Polonaise du premier concerto brande-bourgeois).
Le reste de l'album ne faiblit pas après toutes ces merveilles, bien au contraire. Car après les oreilles, ce sont les jambes qui sont aussi largement sollicitées avec "Enfachinaires". Si vous ne l'aviez pas encore compris, Dzouga! est d'abord un groupe de bal. Et les danseurs (ou danseuses) que vous êtes vont être une fois de plus ravi(e)s de cet album par sa qualité rythmique et par le soin apporté aux arrangements ainsi qu'au très beau son des deux violons. Qui, espérons-le, continueront à nous envoûter encore longtemps.
Patrick Plouchart, Trad Magazine, novembre-décembre 2016
Second opus de ce duo de violons auvergnats composé par Laurence Dupré et Olivier Wely. Une étape toujours difficile pour un groupe ou un duo car l'effet de surprise du premier est passé et l'auditeur à toujours envie de retrouver l'émotion de la première rencontre...
Constatons tout d'abord qu'ils sont restés fidèle à leur répertoire de violon du Massif central, un répertoire qui comporte certes, sur le papier (à la lecture de certains titres...) des standards, mais dans des versions de violonneux, ce qui change souvent pas mal la donne, à l'image de la bourrée en ouverture "Ont menarem gardar" qbien différente de celle des cabrettaires (même le titre n'est pas exactement le même d'ailleurs...
Nos deux comparses se fondent dans des styles différents selon les morceaux et leurs origines (comparer les deux premières bourrées par exemple), les uns très enlevés, les autres plus "appuyés". L'écoute attentive permet d'ailleurs de bien distinguer ce second style avec ses subtilités, son atmosphère envoûtante, du style relou de certains groupes folk qui n'ont jamais compris ce qu'était une bourrée et qui écrasent voire applatissent plus qu'ils n'appuient...
Dommage d'ailleurs que le livret, toujours très documenté chez AEPEM, détaille les origines, dates et auteurs de collecte mais ne nous renseigne pas davantage sur ces styles, les particularités géographiques ou personnelles des musiciens collectés...
Une plage dans un style plus "bal champêtre" comme on le disait à l'époque, montre qu'il peut être intéressant de s'inspirer de l'interprétation par un musicien populaire de mélodies savantes bien connues par ailleurs. Et pour ne rien gâcher, nos deux violonneux laissent de temps à autre l'archet pour donner de la voix, avec la même cadence naturellement...
Jean-Luc Matte http://musette.free.fr/infos.htm
Folk fiddlers from the Auvergne and Limousin regions of France are not something you hear every day, even if you live there. The typical instruments of these regions are the bagpipes, the hurdy-gurdy and of course the button accordion in its various forms. Violoneuse Laurence Dupré and violoneux Olivier Wely have immersed themselves in a small branch of one of the big traditions of central France, and produced a recording of spirited and inspiring music which is entirely in keeping with French fiddling while gently moving the tradition forwards. Most of Enfachinaires is dance music, rhythmic and engaging, bourrées and polkas and scottishes. One or two tracks include vocals, but more in the manner of mouth music than a song as such. Even La Fille du Fermier, a classic ballad of country beauty and callow bombadier resulting in an urgent need to marry, is delivered with an emphasis on the dance rhythm.
Within the constraints of two fiddles and an occasional viola, Dzouga (soon to lose their exclamation mark like others before them) produce a great variety of sounds. One fiddle plays the melody while the other drones, or both fiddles play double-stopped harmonies, or one fiddle provides rhythmic accompaniment while the other leads the tune, and of course there are two-part versions swapping the melody between the fiddles. A score of traditional tunes is augmented by four of Dzouga's own - two driving bourrées in totally traditional style, and a final track with a more contemporary feel. Most of the melodies here are new to me, not the standard central French repertoire at all, which is great to hear. There are also some classical influences: a pair of waltzes adapted from operettas by old Auvergne fiddler Jean Perrier, which is actually one of the weaker tracks in this collection, and the opportunistic combination of a Bach polonaise with a rather stately Limousin mazurka. The variety, energy and musicality of Enfachinaires make it a real pleasure, and with fiddling of such high quality I'm sure this recording will inspire many more musicians.
© Alex Monaghan http://www.folkworld.eu/60/e/cds.html