Ref. AEPEM 24/04
Traditionnel : Auvergne (25 titres), Limousin (1 titre), Rouergue (1 titre)
Compositions : Jean-Claude Rieu (1 titre), Guy Mége (1 titre), Pierre Arrezzo (1 titre).
Durée 34'11
Cédric Bachèlerie et cabrette, c’est quasiment un pléonasme. Qui a été inventé pour l’autre ? Cédric est tombé dedans tout petit : dès 8 ans membre de son premier groupe (folklorique) : « Mais c’est surtout, je le sais maintenant, l’attitude du cabrettaïre qui m’a fasciné, sa tenue, assis, le buste incliné vers l’arrière, le dos appuyé sur le dossier de la chaise, un contact physique à l’instrument, une manière unique d’enlacer l’outre, l’instrument lié au musicien comme pour le retenir, le maîtriser, la tête de la cabrette à quelques centimètres de la bouche du joueur comme s’il fallait lui parler pour la dompter, les grelots au pied. »
Cet enfant du Livradois – depuis plusieurs générations – nous offre, dans ce CD au livret particulièrement bien documenté, un magnifique répertoire principalement issu des collectes effectuées dans les années 1970-1990 dans son pays – qui est aussi, rappelons-le, celui de Gaspard des montagnes.
Son style alterne sobriété et exubérance, choix faits à chaque fois avec une très grande sûreté pour avant tout servir ses mélodies.
Cédric espère, mais nous, nous vous l’assurons, que vous allez écouter chaque morceau comme « une de ces histoires jolies à croire qui courent les veillées. La voilà, sans aucune paraphrase, et chacun en prendra ce qu’il en voudra. » (Henri Pourrat, Gaspard des Montagnes).
AEPEM
Collection 1 :
Maîtresses et maîtres musiciens mettent leurs instruments au service d’un répertoire entièrement traditionnel lié à un pays précis. Ils nous proposent un cd en solo, sans invité ni doublage d’instrument.
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Revue de presse et témoignagesLes vrais amateurs de cabrette sont comme les vrais amateurs de chocolat : ils préfèrent déguster pur pour mieux apprécier toutes les subtilités. Et ici les conditions sont particulièrement bonnes puisque dès les premières secondes la qualité de la prise de son saute aux oreilles : l'instrument est vraiment présent et les nuances de jeu parfaitement audibles.
La première question est, naturellement, comment pourrait-on qualifier le style de Cédric Bachèlerie ? Et je pense que finalement ce qui le qualifie le mieux c'est l'absence de tout systématisme...Selon le type de mélodie, voire selon le style de phrase, les mêmes notes seront plus ou moins vibrées ou droites. Ainsi si sur un regret il montre la qualité et la souplesse de ses vibrés, sur des airs plus rapide les vibrés sont bien plus discrets voir même absents sur des finales de phrases et cela passe parfaitement (1). Les trilles de la main supérieure sont un peu plus présents et il ne craint pas les attaques glissées (voire un peu beaucoup sur Ai vist lo loup...). Quant aux picotages, il les maîtrise fort bien et en use avec parcimonie mais placés à bon escient pour relancer l'attention, leur réservant les rappels à la fondamentale (comme dirait un ami joueur de 16 pouces : au moins un cabrettaïre qui ne joue pas en morse...). Et tout cela est agencé de manière à ménager un jeu ou chaque reprise apporte ses particularités, ses petites surprises : tout l'intérêt d'un jeu traditionnel et particulièrement à la cabrette.
Le répertoire provient en majeure partie du Livradois (région autour et au sud de Thiers, entre Puy-de-Dôme et Haute-Loire, un pays bien moins réputé pour ses cabrettaïres que ceux des monts d'Auvergne et alentours. D'ailleurs nombre des transmetteurs de ces mélodies sont des accordéonistes, chanteurs, vielleux, clarinettiste et... curé. Ceci nous vaut un répertoire assez original, et si on y retrouve quelques standards, ce sont dans des versions différentes, voire bien différentes... (2)
Le livret est encore plus détaillé que d'habitude chez AEPEM et nous avons droit à maintes petite biographies, non seulement des collectés mais également des collecteurs, ce qui permet de mettre en avant un "cercle" de musiciens pas vraiment du revival des années 70, parfois antérieurs, davantage impliqués dans les milieux folkloriques mais tout aussi passionnés par l'instrument et le répertoire.
Et je ne le précise pas pour chaque opus de cette collection mais à l'heure ou nombre de photographes croient faire du noir et blanc juste en enlevant les couleurs de leurs photos (voire pire en ne se décidant pas entre la version couleur et la version noir et blanc d'un même cliché), cela fait du bien de voir ces beaux portraits en vrai noir et blanc pensé et travaillé dus à Patrick Auberger....
(1) alors que cela me manque souvent, même à l'écoute de certains cabrettaïres réputés
(2) je m'étonne d'ailleurs que le lien ne soit pas fait dans le livret entre la "bourrée de Léon Lestrade" et la bourrée à Ribeyrolle (bien connue notamment par sa version qui ouvrait le 33t de Café Charbon), la première semblant une variation sur cette dernière avec ajout d'une partie.
Jean-Luc Matte. http://musette.free.fr/cdcites11.html#bachelerie