auteur

DURIEUX ACHILLE (1826 - 1893)

Collecte dans les années 1850-1860 en Flandre (Nord), dans le Cambrésis.
Professeur de dessin, archiviste municipal de Cambrai, rédacteur à l'Industriel de Cambrai. Membre de la Société d'émulation de Cambrai, il publie de nombreux articles d’histoire locale. Il mène ses recherches et publications sur la chanson traditionnelle avec Adolphe Bruyelle, puis seul.
(Carreau, INHA-Dumas)


Commentaires Coirault :
A propos de la non spécialisation des premiers collecteurs : « A ses débuts le folklore de la chanson a été une tâche accessoire à des antiquaires peu ou point différenciés : (...) DURIEUX s'adonnait à une archéologie des beaux-arts dans sa région, et son collaborateur au recueil de chansons du Cambrésis (1864) BRUYELLE avait publié sur l'arrondissement de Cambrai des études historiques, géologiques, statistiques et topographiques. (...) » (Notre chanson folklorique, p. 308 et n. 5).
Cité parmi les collecteurs attestant de l'usage de la danse aux chansons (Notre chanson folklorique, p. 161, n. 6).
Cité au titre de certains collecteurs qui ont retranché de leurs textes des passages « malséants » (Notre chanson folklorique, p. 38, n. 1 et 39, n. 1). Voir plus bas en annexe.


Publications concernant ou contenant des chansons ou de la musique traditionnelle.
Durieux signe seul le second volume de leur publication. Pour des raisons de commodité, nous mentionnons le tout de manière identique ici et sur la page Bruyelle.


Avec Adolphe Bruyelle :
- Chants et chansons populaires du Cambrésis. Mémoires de la Société d'Emulation de Cambrai, 1864, p. 181-399 et I-XXXII ; t. à p. Cambrai, impr. L. Carlon, 1864.


Seul :
- Chants et chansons populaires du Cambrésis. 2e série, Mémoires de la Société d'Emulation de Cambrai, 1867, p. 175-294 ; t. à p. Cambrai, 1mpr. L. Carlon, 1867.


Mentionnés sans commentaires par Van Gennep (n° 4838 et 4839).
Commentaires Coirault (sigle : Durieux I et II) :
« Beaucoup des chansons (folkloriques et autres) et quelques fragments paraissent recueillis dans la ville de Cambrai. Expression souvent littérarisée. 76 notations musicales à la fin du Ier volume, suivies d'un supplément pour les passages libres (Kryptadia)* de 4 pages ; 28 airs notés au 2d volume. Curieux renseignements locaux à l'Introduction. L'exécution des chansons de jeu enfantines est indiquée. » (Notre chanson folklorique, bibliographie).
* « Libre » : il faut entendre ici « malséant ». Kryptadia : « choses cachées ». C'est le nom d'une publication annuelle créée par Eugène Rolland et Gaston Paris dédiée aux textes grivois, voire obscènes, généralement occultés – si ce n'est censurés – par les folkloristes.
Au titre de certains collecteurs qui ont retranché de leurs textes des passages « malséants » : « Un comble de la pudibonderie a été atteint par Durieux et Bruyelle. Elle est alliée à un goût et un souci de sincérité évidents. Mais quatre pages de suppléments secrets (tome I, 1864) n'ont même pas imprimé des mots crus, jugés irrecevables. » (Notre chanson folklorique, p. 38, n. 1 et p. 39). (Voir plus bas en Annexe la citation in extenso).


Consultable sur :
Tome 1
Gallica (Edition dans les Mémoires, sans l'addenda).
Google (Tiré à part, avec l'addenda).
Tome 2
Gallica (Edition dans les Mémoires)
Dans les Mémoires, la musique n'est pas publiée à la suite du texte, mais plus loin :
Gallica
Mémoires du Folk 59-62 (Tiré à part)


Remarques


Collecteurs précoces, dont les travaux sont inspirés par l'enquête lancée en 1852, dite Fortoul (t. I, p. 15) – mais ils mentionnent 1840 pour la date de collecte d'une de leurs chansons (t. I, p. 205), Durieux et Bruyelle font montre de leur non spécialisation, comme le remarque Coirault, dans la définition de leur champ d'enquête, du moins dans le 1er volume : « Pour admettre un chant dans notre recueil, il nous a suffi qu’il ait été populaire dans le Cambrésis ». On sait toute l’ambiguïté qui peut se cacher derrière l'adjectif « populaire », et en effet toutes leurs chansons ne sont pas « folkloriques », au sens où l'on entendait alors ce mot. Outre 5 compositions et 1 mélodie ancienne, on trouve dans le 1er volume, sur 86 chansons munies de mélodies, 25 que Coirault n'a pas retenues dans son répertoire des chansons-types, soit pas loin de 30 %. Il semble cependant qu'entre le 1er volume, qui contient surtout ce qui semble être globalement du répertoire enfantin, même si cela n'est pas explicitement dit, et le 2e volume, qui propose un répertoire qui semble plus « adulte », Durieux ait pris connaissance des travaux d'autres collecteurs : il cite abondamment Ernest Gagnon (Canada), mais aussi La Villemarqué (Bretagne), Champfleury (Divers), Coussemaker (Flandre), Bujeaud (Provinces de l'Ouest), ainsi que des recueils de folklore étranger.
Ils ne disent rien des conditions de leur collecte. Si Durieux précise qu' « il est presque inutile d'ajouter que nous avons recueilli de la bouche même des chanteurs, tous les chants inédits que nous venons de reproduire » (t. II, p. 289 de l'édition des Mémoires), ils indiquent avoir eu des communications de M. V. Delattre, receveur municipal (5 mélodies), et de M. Blin, professeur de français (sans musique). Ils indiquent aussi leur dette envers Mme A. Durieux, pour une « partie des airs notés » (t. I, p. 30).
Aucun informateur n'est désigné, à part « une vieille servante d'une ferme de l'Artois », « une chanteuse », et « une ouvrière des champs ».
Une date de collecte n'est donnée qu'une fois : 1840, comme pour marquer l'ancienneté de leurs recherches ou de leur intérêt pour la chanson traditionnelle.
La zone géographique est définie génériquement par le titre : le Cambrésis. Rares sont les mentions plus précises (seuls Cambrai – 14 fois, Moeuvres – 4 fois, Anneux (Nord), Graincourt et Bourlon (Pas-de-Calais) – 1 fois, sont cités), ou plus restreintes (« un village aux environs de Cambrai », dans « les communes du Cambrésis qui touchent à l'Artois », dans les « communes qui confinent au canton de Bouchain et à l'arrondissement de Valenciennes », etc). Au-delà du Cambrésis, sont mentionnés comme lieux de collecte ou lieux où telle chanson a cours : l'Artois (12 fois), le Hainaut (4 fois), le Vermandois (1 fois), ainsi que Douai, Valenciennes, Bruxelles (1 fois).
Enfin, sont citées 3 mélodies publiées par P. Hédouin (Boulonnais), Coussemaker (Flandre maritime) et Ernest Gagnon (Canada).


Annexe


Notes de Coirault sur la pudibonderie de nombre de collecteurs (dont Durieux et Bruyelle).
« Un comble de la pudibonderie a été atteint par Durieux et Bruyelle. Elle est alliée à un goût et un souci de sincérité évidents. Mais quatre pages de suppléments secrets (Tome I, 1864) n'ont même pas imprimé des mots crus, jugés irrecevables. » (Notre chanson folklorique p. 38, n. 1).
et :
« Que nos collecteurs n'ont-ils publié des Kryptadia, et complets (1) !
Note 1 : Dans le mince tirage à part de DURIEUX les obscénités sont laissées à deviner. On y a rétabli le reste de ce qui, indécent ou risqué, était figuré par des points. Les équivoques demeurées au recueil sont inséparables d'un folklore moins incivil (chanson des p. 57-58) ou bien n'ont pas été aperçues par le collecteur. A moins qu'il les ait tenues pour bienséantes ? L'opinion est admissible.
L'équivoque est parfois un hommage que la délicatesse rend à la pudeur. La « naïveté » d'appeler un chat un chat a paru de tout temps à une certaine honnêteté une erreur de primitif, et soit simplicité trop antique, soit grossièreté de vilain. Nos chanteurs (ou chanteuses) populaires ont substitué à pucelage avantage, ou cœur en gage et leur visée n'était pas à une équivoque mais à un palliatif. Pucelle était encore épique au XVII-XVIIIe siècle, et pucelage, courant (Cf. le dictionnaire de Richelet, le Trévoux et les auteurs d'alors). Des mots et expressions entièrement métaphoriques vous balancent-ils de part et d'autre ? Sont-ils volonté d'atténuation ? Sont-ils désir d'équivoque ? Les avis sont partagés. Que dire sur :
A la pêche des moules je ne veux plus aller,
Les garçons de XXX m'ont volé mon panier ?
C'est à voir. Pourtant le plateau penche du mauvais côté quand, à chaque couplet, le refrain douteux revient enfoncer dans la mémoire la métaphore impure :
Laissez-moi planter le mai (XVe siècle),
ou qu'il est le sujet du thème, comme au XVIIIe siècle avec les chansons du panier :
Mon panier n'est pas à vendre
Ni pour or ni pour argent,
C'est un présent que ma mère (etc.),
celles de l'arrosoir, du serpent etc. L'emploi du mot n'y est pas intention profonde de châtier la langue ; la fâcheuse équivoque est recherchée et choisie. Cette distinction n'est pas toujours facile à établir ; de la pudeur à la grivoiserie il n'y a qu'un pas. »
(Notre chanson folklorique, p. 39 et note 1).

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