auteur

CELOR FRANçOIS dit Pirkin (1852 - 1918)

Collecte en Limousin (Corrèze principalement et Haute-Vienne), autour de 1890.
Organiste, maître de chapelle, professeur de chant à Paris, compositeur. Dirige les chœurs de L'Arlésienne, au théâtre de l'Odéon, lors de la création. Il met en musique des chansons patoisantes de Joseph Roux (4 ou 5 chansons, dont 2 datées de 1893 conservées à la BNF).
(Carrault, BNF)


Publications susceptibles de concerner, concernant ou contenant des chansons, de la musique ou des danses traditionnelles.
- « Chansons du Limousin », Revue des Traditions Populaires, mars 1897, p. 143-146 et août-septembre 1897, p. 459 (la RTP orthographie François Celar, mais Celor dans son sommaire, décembre 1897, p. 702). Contient 5 mélodies, toutes reprises avec quelques légères différences dans l'ouvrage suivant.
Consultable sur Gallica
Non mentionné au nom de Celor par Van Gennep et Coirault.


- « Chansons et bourrées limousines, recueillies et mises en musique par François Celor (Pirkin) », Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze, t. XXXI (1899) à XXXVI (1904), repris à l'identique, à la pagination, un avant-propos et - du moins dans la version numérisée - une interversion de pages près, sous le titre :
- Chansons populaires et bourrées recueillies en Limousin, Corrèze, Brive, Roche, 1904, in-8°, 303 p. Contient 132 mélodies.
Le Bulletin est consultable sur Gallica.
Chansons populaires et bourrées est consultable sur la Bibliothèque numérique du Limousin .
Mentionné sans commentaire par Van Gennep, 4888 et 4889.
Commentaire Coirault : « Utile ; paraît sincère, bien que des chansons aient une provenance lettrée. » (Notre chanson folklorique, bibliographie).
Non mentionné par Guilcher.


Remarques
Le contenu des publications
Les chansons publiées dans la Revue des traditions populaires figurant toutes dans les « Chansons et bourrées... » publiées dans le Bulletin..., laquelle publication est fidèlement reprise dans le tiré à part Chansons populaires et bourrées..., toutes nos remarques ne porteront que sur ce dernier ouvrage.
Il contient 132 mélodies (compte non tenu des mélodies réécrites en systèmes de notation anciens). Parmi elles, on compte :
19 compositions dont 14 de Celor (dont 5 chansons de Joseph Roux),
2 emprunts à Casse et Chaminade (Périgord).
Pour le Limousin :
2 mélodies sont empruntées à des publications antérieures :
1 à « un recueil de l'abbé Foucaud » de Limoges (sans autre indication).
1 à P. Laforest, Limoges au XVIIe siècle (Pierre Laforest, Limoges au XVIIe siècle, 1862, p. 295 pour les paroles et p. 627 pour la musique), chanson publiée par E. Rolland, Recueil de chansons populaires, t. 3, 1887, p. 41.
30 ont été fournies à Celor par d'autres collecteurs, dûment mentionnés :
- Gaston Godin de Lépinay (13 mélodies)
- L'abbé Madelmond (6 mélodies)
- Cécilio Charreire (1 mélodie)
- Jean de Mas (3 mélodies)
- Hippolyte Roche (2 mélodies)
- J.-B. Cuzange (1 mélodie)
- M. Delon, négociant à Tulle (1 mélodie)
- J.-B. Leymarie (1 mélodie)
- Mlle Nony (1 mélodie)
- M. Pascal (1 mélodie)
Il reste 79 mélodies sans doute recueillies directement par Celor.


Les conditions de la collecte
La collecte de Celor semble bien avoir été directe. Il l'écrit explicitement deux fois, dans l'avant-propos, quand il fait allusion à la méfiance ou à la « pudeur » des informateurs paysans face à un « homme de la ville », caractéristique qu'il se donne à lui-même, et dans la préface quand il dit « les chants limousins que j'ai pu recueillir » (p. 3).
L'ensemble de la collecte date sans doute d'avant 1898 (et 1897 pour certaines), ou du moins la plus grande partie. En effet, les publications dans le Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze portent à chaque livraison la mention « Novembre 1898 », et ce jusqu'à la page 563 de l'année 1902 où elle disparaît. La livraison de 1903, p. 605, porte la mention « supplément ». Nous avons donc supposé que la collecte de ce qui a été publié à partir de la disparition de cette mention pouvait dater d'après 1898.
Pour les 111 mélodies recueillies oralement en Limousin par Celor et les autres collecteurs cités, il n'y a que 6 mentions seulement de l'informateur ( 4 personnes nommées), et aucune indication d'année ni de lieu de naissance.
46 mélodies ne portent aucune indication de lieu, 8 la seule mention du Limousin et 12 le seul nom d'un ou des deux départements (Corrèze mentionnée 11 fois, ou Haute-Vienne).
La Haute-Vienne et Limoges ne sont mentionnés que 4 fois en tout (2 fois chacun).
Tout le reste (76 mélodies) a été collecté en Corrèze. Les localisations vont du plus vague au plus précis :
En plus des 11 mentions de la Corrèze, on trouve :
- mention seulement d'un arrondissement (1 ou plusieurs) : 7,
- d'un canton, ou des « environs » d'une ville : 6,
- de plusieurs localités : 10.
Il n'y a que 22 mélodies pour lesquelles 1 seule localité est mentionnée, et pour lesquelles on peut donc dire « recueillie à ».
A noter que seules les chansons recueillies par l'abbé Madelmond sont précisément localisées dans un lieu-dit (Le Puy Temporieux à Naves).
Si l'on tient compte de tous les noms de localités mentionnés (sans différencier donc les localités mentionnées précisément de celles mentionnées comme chef-lieu d'un canton, ni les cas où une seule localité est mentionnée de ceux où plusieurs le sont), on obtient 58 occurrences de 19 localités situées en Corrèze (sur les 289 communes que compte le département). L'essentiel se situe au centre (Tulle et environs : 22 occurrences) et au sud-est (Brives et environs : 19).
En ajoutant les mentions d'arrondissements, et la mention géographique du massif des Monédières, on obtient :
5 occurrences pour l'arrondissement d'Ussel, 37 pour celui de Tulle, et 26 pour celui de Brive.


Questions sur la crédibilité de la collecte
Coirault la juge « utile », elle lui « paraît sincère, bien que des chansons aient une provenance lettrée ».
On peut sans doute en dire autant des mélodies. On a vu le nombre important de compositions (19 sur 132, soit plus de 14%). Parmi celles de Celor, 2 s'affichent ouvertement comme étant des parodies (au sens neutre d'imitation, sans intention de moquerie) de mélodies populaires - ou plus exactement de mélodies appartenant à l'un des 3 grands types historiques qu'il décrit dans sa préface : « roman », « gothique » et « moderne » et qu'il utilise pour classer les mélodies populaires. Célor, maître de chapelle, connaît manifestement l'histoire de la musique, notamment le plain-chant, et l'influence de ce dernier sur la modalité de la musique traditionnelle : son recueil fourmille de mélodies modales. S'est-il laissé aller - au rebours de nombre de ses contemporains qui corrigeaient ce qui leur semblait des « erreurs » - à forcer le trait quant à ce caractère modal, quitte à le « restaurer », ou bien les mélodies qu'il nous présente sont-elles transcrites telles quelles ou du moins fidèlement ?
Un signe peut-être peut renforcer la deuxième hypothèse : parmi les différences que l'on peut noter entre les mélodies publiées dans la RTP et leur reprise ultérieure, de nombreuses portent sur la durée des notes finales, beaucoup plus longues dans leur première version. Peut-être peut-on voir dans ce raccourcissement comme un renoncement à des velléités d'arrangement, et un retour, dans la publication finale, à la mélodie telle qu'elle avait été collectée.
Si, pour reprendre les termes de Coirault, la collecte de Celor est « sincère », alors, en effet, elle peut s'avérer très « utile » pour notre connaissance de cette musique.

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