auteur

PUYMAIGRE THéODOREJoseph Boudet, comte de (1816 - 1901)

Enquête indirecte menée probablement dans les années 1860 en Lorraine (Moselle) et enquête directe menée dans les années 1870 en Béarn (vallée d'Ossau).
Issu d'une famille noble berrichonne, émigré pendant la révolution de 1830, il s'installe en Lorraine à son retour en 1832. Homme de lettres, érudit, collaborateur à de nombreuses revues françaises et étrangères (dont Romania, La Revue nouvelle d'Alsace Lorraine, Archivio Per Lo Studio Delle Tradizioni, La Revue des Traditions populaires), membre de plusieurs académies savantes dont la Société des Antiquaires de France, l'Académie d'histoire de Madrid, la Société des Traditions populaires, c'est un spécialiste des littératures italienne et espagnole, et notamment des littératures populaires (contes et chants). Puis il s'intéresse à la poésie populaire de Lorraine, au recueil de laquelle il lance un appel à contributions en 1861 (dans l'Austrasie), dans la foulée de l'enquête Fortoul. Il est davantage, du moins pour la Lorraine, un compilateur de collectes qu'un collecteur à proprement parler. (Carrault, BNF, complété par nous).
Commentaire Coirault :
« Excellent collecteur » qui ne s'est pas « asservi » au « critérium » de « l'anonymat de nos chansons » dans sa collecte (Notre Chanson folklorique, p. 307, n.1), et figure parmi les « meilleurs » des « collecteurs experts », « bons et heureux collectionneurs » dont « l'abondance, la sincérité, la qualité des textes classent au premier rang leurs recueils de chansons » (idem p. 300). Il figure également dans la liste des collecteurs indiquant que leurs informateurs ne distinguent pas chansons traditionnelles et chansons modernes (idem p. 23, n. 2) et dans celles des collecteurs qui « se sont écriés tout d'une voix [après 1860] : « La poésie populaire se meurt ; la poésie populaire est morte (...) Il faut se hâter de recueillir ! » (idem, p. 24 et n. 1.)
Cependant, il est cité parmi ceux dont les « poésies [textes verbaux recueillis] sont veuves de presque tous les airs » (Idem, p. 199, n. 2).
Dans sa bibliographie (Idem), Coirault note plus précisément, à propos de Folk-Lore, des Chants populaires recueillis dans le pays messin et du supplément à ce dernier paru dans Archivio delle tradizioni popolar :
« Malgré l'intérêt des textes c'est souvent la documentation qui est l'élément d'importance. Elle abonde en commentaires, références, comparaisons. (Le point faible est le côté musique). Déjà dans son Folk-lore cet excellent connaisseur a comparé des textes italiens, flamands, allemands à certains des nôtres, et donné en outre 15 versions verbales de chansons folkloriques provenant de la vallée d'Ossau. Le recueil capital, le messin, a été composé en 1866 (cf. la préface p. XVIII-XIX) surtout de textes recueillis par différentes personnes, dans des conditions indéterminées, puis communiquées à Puymaigre qui ne semble pas y avoir modifié grand chose ». (Voir le texte complet ci-dessous à la suite des ouvrages).
Commentaire Guicher : figure parmi ceux qui « constatent la vogue étendue de la romance dans les terroirs qu'ils prospectent. » (La chanson folklorique de langue française, p. 57)

Publications concernant ou contenant des chansons ou de la musique traditionnelles (compte non tenu de ses ouvrages sur les domaines italiens et espagnols) :
- « Chants populaires du Piémont », L'Austrasie, 1861, p. 208-234. Citations de quelques textes ou extraits de chansons recueillies dans le pays messin. Sans musique.
Consultable sur Gallica
Dans la même revue, il commence une première publication de Chants populaires du pays messin (1863, p. 49-65, 99-112) sans musique. La revue semble cesser de paraître cette année-là.
Consultable sur Gallica
Chants populaires recueillis dans le pays messin, Metz, Rousseau-Pallez, Paris, Didier et Cie, 1865. XXVIII-473 p. + 20 p. de musique. Contient 36 mélodies, dont 3 ne seront pas reprises dans la seconde édition.
Consultable sur archive.org :
Attention, cette numérisation est défectueuse (il manque les pages 207-211 et la p. 236 est tronquée. Les 20 pages finales de musique sont de mauvaise qualité, mélangées et parfois tronquées). Il existe une meilleure version chez Google Livres (mais des pages de la préface sont interverties).
Chants populaires recueillis dans le pays messin, 2e édition augmentée de notes et de pièces nouvelles, Paris, Champion, 1881, 2 vol. in-18 de VIII-286 et 285 p., 19 p. de musique placées à la fin du 2e volume. Réédition en fac-similé, Marseille, Laffitte, 1978. 2 tomes en 1 volume. Contient 33 mélodies précédemment publiées, mais dont un grand nombre a été revu et corrigé, parfois de manière importante, par Jean-Baptiste Weckerlin.
Consultable sur Gallica :
Tome 1
Tome 2
ou archive.org
Tome 1
Tome 2
Commentaire Coirault
« Recueil capital, (...) a été composé en 1866 (cf. la préface p. XVIII-XIX) surtout de textes recueillis par différentes personnes, dans des conditions indéterminées, puis communiquées à Puymaigre qui ne semble pas y avoir modifié grand chose. Pourtant à quelques versions communiquées par Auricoste de Lazarque, son fournisseur principal, on peut noter de légères différences verbales et musicales avec une copie provenant de ce collecteur. Reste à savoir à qui des deux elles sont imputables. 186 numéros sont presque tous folkloriques (excepté principalement quelques patois) ; la liste des numéros omis est faite d'un nombre à peu près égal d'incipits. 36 notations musicales terminent l'ouvrage. L'édition de 1881, en deux volumes, est augmentée et rectifiée (parfois dans sa musique, cf. l'avant-propos) ; ses 200 numéros suivis de débuts de chansons non insérées n'ont plus que 32 airs notés. - 22 textes verbaux, provenant de communications diverses, ont paru dans l'Archivio délie tradizioni popolari, T. V, et en tirage à part avec plusieurs corrections. » (Notre chanson folklorique, Bibliographie.)
Commentaire Guilcher :
Cité parmi les collecteurs – les plus anciens – qui savent que la plupart des chansons de tradition orale qu'ils rassemblent ont ou ont eu partie liée avec la danse (Rondes, branles, caroles, Bibliographie. Chansons et danses traditionnelles. Etudes et collectes). Par rapport au moment où le branle commence de se muer en simple ronde : « Le rondeau du pays messin est-il encore un branle au sens plein du terme quand Puymaigre publie son répertoire de chansons ? Il observe qu'il est aussi appelé branle. Il y voit une « danse très primitive », mais ne donne aucun moyen d'en juger » (p. XXIII). Mentionne une ronde mimée dont le texte témoigne de l'arrivée des danses nouvelles, avec accompagnement musical – Ed. 1865, p. 113. Contient une information due à Auricoste de Lazarque sur les rapports entre générations, sexes, etc. dans la danse, à propos d'une ronde. Cité à propos d'une ronde-jeu « à présentation à issue incertaine » - Ed. 1881, p. 193. Cité, à propos de la naissance de rondes amalgamant des pièces à l'origine distinctes, comme exemple de maintien de formes attestées au début du XIXe par Celart et autres, ou au contraire, plus tardivement, de formes augmentées, notamment de formes à baisers. - éd. 1881, II, p 195 (idem, Introduction. Du branle chanté à la ronde-jeu. Dans les milieux populaires et notamment ruraux). Sur la portée limitée des collectes chansonnières quant à la connaissance qu'elle peut apporter sur les chansons propres à danser en rond. Exemple de collecteur qui a explicitement (contrairement à beaucoup d'autres, qui l'ont fait sans le dire) rejeté certaines rondes, car trop connues par ailleurs du fait de leurs publications, et non spécifiques à leur aire de collecte (idem, Annexe 10). Cité à propos de la longue carrière de la ronde Nous étions trois jeunes filles – p. 338 (idem, Annexe 15).
- « Veillées de villages. Les Dayemans. » Archivio Per Lo Studio Delle Tradizioni, volume 1, 1882, p. 93-98. Complète la note sur les Dayemans publiée dans la seconde édition des Chants populaires du pays messin. Repris dans Fol-klore. Sans musique.
Consultable sur archive.org
- « Chants allemands de la Lorraine » La Revue nouvelle d'Alsace Lorraine, 1886, p. 1-11 et 59-76. Sans musique.
Consultable sur Gallica
- « Chants populaires recueillis dans le pays messin [Supplément.] », Archivio delle tradizioni popolari, volume V, 1886, p. 227-237 et volume VI, 1887, p. 81-93. Sans musique. Nous n'avons pu consulter le tirage à part, qui contiendrait d'après Coirault des corrections.
Consultables sur archive.org (volume V et volume VI).
et
- « Chants populaires recueillis dans la vallée d'Ossau » Romania, 3ème année, 1874, p. 89-102. Repris dans Folk-lore. Sans musique.
Consultable sur Gallica
Commentaire Coirault : « 15 versions verbales de chansons folkloriques provenant de la vallée d'Ossau. » (Notre chanson folklorique, Bibliographie).
Commentaire Guilcher : « Observe que la présence d'instruments n'excluait pas nécessairement la chanson [chantée par les danseurs en même temps que l'accompagnement instrumental] (p. 82). (Rondes, branles, caroles... chapitre Branles chantés de tradition populaire).
Folk-Lore, Paris, Perrin, 1885, pet. in-8°, 365 p. Recueil d'articles publiés dans diverses revues (Romania, Revue nouvelle d'Alsace Lorraine, Archivio delle tradizioni popolari...) contenant, entre autres, Chants populaires de la vallée d'Ossau, Chants flamands, Chants allemands de la Lorraine, les Dayemans. Sans musique (contrairement à ce que dit Van Gennep).
Commentaire Coirault : « Déjà dans son Folklore cet excellent connaisseur a comparé des textes italiens, flamands, allemands à certains des nôtres, et donné en outre 15 versions verbales de chansons folkloriques provenant de la vallée d'Ossau.» (Notre chanson folklorique, Bibliographie).
- « La bergère et le loup », Revue des Traditions populaires, tome X, 1895, p. 321-325. Monographie, sans musique.
Consultable sur Gallica

Remarques
Si Puymaigre semble avoir mené une enquête directe en vallée d'Ossau (Béarn) lors d'un ou plusieurs séjours (hélas sans musique), il n'en est probablement pas de même pour la Lorraine.
Chants populaires recueillis dans le pays messin, édition de 1865.
Puymaigre utilise le verbe « recueillir » dans une acception très large, englobant sous ce terme les envois que des collecteurs directs lui ont faits. Il dit d'ailleurs lui-même qu'il n'a « eu d'autre besogne que de choisir dans les envois que l'on a bien voulu [lui] faire, que d'écrire quelques notes, que d'indiquer des rapprochements. Une grande part de ce recueil appartient donc réellement à ceux qui [l]'ont si aimablement secondé (…) » (éd. 1865, préface, p. XIX). Il cite, outre des « cahiers qui lui ont été envoyés » (préface 1865, p. XVIII) :
« M. Ernest Auricoste de Lazarque m'a communiqué un manuscrit, fruit de patientes investigations et contenant beaucoup de chansons recueillies principalement à Retonféy et dans les environs de ce village.
M. le comte X. de Maigret m'a envoyé un grand nombre de pièces, tant patoises que françaises, récoltées par lui à Serrouville et à Malavillers
M. de Vellecour m'a remis aussi une quantité considérable de chansons trouvées à Bousse et dans les environs. » (éd. 1865, préface, p. XIX).
Il cite enfin M. E. de Bouteiller, M. Lorrain, conservateur de la bibliothèque de Metz, ainsi que ses « autres aimables collaborateurs : Madame d'U. de G..., MM. de Vernéville, E. Michel, le baron P. d'Huart, Thiel, Marly, V. Vaillant, Jules Séchehaye, Maurice du Coëtlosquet, Blondin. » (Nul doute qu'une recherche sur ces personnes serait très éclairante sur le milieu social de ceux que de telles études intéressaient alors).
L'apport d'Ernest Auricoste de Lazarque est clairement indiqué sur les partitions. Quant au reste, seul est mentionné le travail de notation de « M. Mouzin, l'habile directeur de notre Ecole de Musique, [qui] a bien voulu noter un assez grand nombre d'airs populaires et compléter le petit supplément musical dont M. Auricoste de Lazarque m'a fourni les premiers matériaux » (éd. 1865, préface, p. XIX). Nous avons donc attribué, sous forme hypothétique marquée par un point d'interrogation, la paternité des collectes en fonction de leur origine géographique, seule mention des conditions de la collecte qui figure dans le corps de l'ouvrage.
La zone géographique de la collecte est formée des « lambeaux du Barrois, de la Lorraine, de la province des Trois-Evêchés et du Luxembourg dont l'agrégation a formé le département de la Moselle » (éd. 1865, préface, p. III-IV). En fait, pour s'en tenir uniquement aux chansons munies de leurs mélodies, si 27 viennent de Moselle (cantons de Boulay, Ars, Pange, Verny, Vigy, Metzervisse et Metz), 8 viennent de Meurthe-et-Moselle (canton d'Audun-le-Roman pour l'essentiel, et une de Longwy). 1 n'est pas localisée.
Chants populaires recueillis dans le pays messin, édition de 1881.
Puymaigre augmente cette édition de nombre de ces notes et commentaires dont Coirault souligne l'importance.
Mais le point le plus important, de notre point de vue, est la « rectification » des mélodies par Jean-Baptiste Weckerlin (préface de 1881, p. VI), qui donne un bon exemple de la distance qu'il pouvait y avoir entre les mélodies traditionnelles et leur appréhension par des musiciens savants formés à l'aune de la musique classique. Vue l'importance et l'influence dans le milieu folkloriste de Jean-Baptiste Weckerlin, une étude systématique de son travail sur les matériaux bruts apportés notamment par Auricoste de Lazarque mériterait d'être menée (apparemment, les documents de ce dernier dont Coirault a eu connaissance directement sont conservés à la BNF – Rés. Vm Crlt 25 – information Carreau).
20 mélodies sont reprises à l'identique, à quelques détails de normalisation de la notation près (indications de coulés, liaisons et ligatures, correction de l'indication de divisions temporelles) qui ne changent en rien les lignes mélodiques et rythmiques.
En revanche 13 présentent des « corrections ». Pour la plupart, il s'agit de rectifications de durées de notes destinées à combler des mesures non indiquées comme incomplètes dans la 1ère édition. La question qui se pose est : qu'est-ce qui a été corrigé ? Une erreur de notation, ou la transcription maladroite de ce qui a été entendu par le premier notateur ?
D'autres « corrections » posent problème : il s'agit des corrections mélodiques, portant sur des hauteurs de notes. Qu'est-ce qui a permis à Weckerlin de procéder à de telles corrections ?
Enfin, deux mélodies connaissent d'importantes transformations : l'une sur la structure même de la mélodie (mais les 2 versions sont « fautives » dans l'indication des bis), et une autre, la plus intéressante de toutes (PuymaigreM-1865-141-04-2 pour la version d'Auricoste, mélodie n° 7021, et PuymaigreM-1881-t1-182-04-2, mélodie n° 7055) porte sur la modalité de la mélodie, Weckerlin corrigeant systématiquement les sous-toniques en sensibles.
Nous avons respecté pour les deux éditions les notations, sans rien corriger, en indiquant (dans les fichiers myr) simplement les endroits problématiques dans la 1ère édition, et les corrections de Weckerlin dans la seconde.
Les mélodies de l'édition de 1865 ont été saisies par Christophe Toussaint et publiées, sous des formats différents des nôtres, sur son site epinette.fr, à la page répertoire.
Elles ont été revues et, pour quelques rares cas, corrigées par nous. Nous le remercions de nous avoir généreusement donné accès à son travail.

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