auteur

TRéBUCQ SYLVAIN (1857 - 1930)

Enquêtes menées entre, probablement, ses années de jeunesse (vers 1880) et celles précédant la guerre de 1914, en Béarn (enquête apparemment directe), en Poitou (enquête directe, pour l'essentiel en Vendée, très accessoirement en Loire-Atlantique et Deux-Sèvres), en Gascogne (enquête indirecte en Armagnac, dans le Gers, peut-être en partie directe dans les Landes) et en Guyenne (enquête directe dans le Bordelais (Gironde), indirecte dans le Périgord (Dordogne)).

Son père, Jean Trébucq, inspecteur primaire à Argelès (Pyrénées-Orientales), Tarbes (Hautes-Pyrénées), Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées, où est né Sylvain Trébucq), puis directeur de l’Ecole normale de Lescar (Pyrénées-Atlantiques) envoie, sans musique, des chants à l'enquête Fortoul.
Les zones d'enquête de Sylvain Trébucq semblent avoir été dictées par les affectations qui ont jalonné sa carrière de professeur : tout d'abord en Béarn, pays de son enfance où, apparemment, il retourne régulièrement par la suite – notamment en 1899 - puis en Vendée, où il est professeur de littérature à l'Ecole normale de la Roche-sur-Yon, et enfin à Bordeaux où, semble-t-il, il est professeur à l'université (nous n'avons trouvé aucune notice biographique complétant celle de Carreau). C'est à Bordeaux qu'il rencontre ses principaux informateurs pour le Périgord, pour le Gers et sans doute aussi pour les Landes (Carreau, complété par nous de renseignements épars pris dans les ouvrages de Trébucq. La notice de la BNF est très lacunaire).

Publications susceptibles de concerner, concernant ou contenant des chansons ou de la musique traditionnelles :
La chanson populaire en Vendée, Paris, Lechevalier, 1896. Reprint Marseille, Laffitte, 1978. Contient 113 mélodies et 1 timbre non identifié.
Commentaire Van Gennep : « Ces deux ouvrages [avec La chanson populaire..., des Pyrénées à la Vendée] constituent ensemble une bonne monographie, avec localisations relativement précises ». Pour les chansons en Vendée : « important » ; pour la danse : « sommaire ».
Commentaire Coirault : « A publié d'abord une centaine de pièces, en majorité folkloriques et presque toutes pourvues d'airs, d'ordinaire en les localisant et les faisant suivre d'un nom de chanteur vendéen. Elles paraissent sincèrement recueillies, dans des conditions en général satisfaisantes mentionnées par la préface (p. VI-VII) et l'Introduction du premier volume de 1912 (La chanson populaire et la vie rurale, des Pyrénées à la Vendée p. 8) » (Notre chanson folklorique, Bibliographie.) Voir la suite du commentaire Coirault sous ce dernier ouvrage.
Commentaire Guilcher : Tient la Vendée pour le « pays classique des danses rondes ». En voit beaucoup danser en 1895 à la fête de St-Jean-de-Monts. Mais son ouvrage, qui devait fournir « la description de ces rondes », ne détaille qu'une version de La Barienne, une description de la maraîchine à deux et de la maraîchine à trois, toutes deux qualifiées de « branle ». A ces danses se rapportent quelques couplets uniques (p. 164-167) et les « branles » instrumentaux des pages 167-170. L'examen des airs et textes montre qu'un nombre important des chansons qu'il publie sont des rondes, ce qu'il omet de préciser, et de dire comment on les danse. Attestation du nom « branle » donné à des airs, indépendamment de la danse qu'ils accompagnent. A propos des mimiques et la plus ou moins grande liberté accordée au meneur de la ronde ou du branle (à propos de Mon père a tué le loup, dont l'une des quatre seules versions connues par Guilcher figure ici, p. 159). (Rondes, branles, caroles. Bibliographie. Chansons et danses traditionnelles. Études et collectes. Branles chantés de tradition populaire. Marais vendéen).
Sur la ronde-jeu intégrant des figures empruntées aux danses sociales de salon ou aux pratiques populaires urbaines (l'enfile-aiguille) - p. 160. Témoigne de l'arrivée, dès avant la fin du XIXe siècle, des rondes-jeux modernes d'inspiration citadine, à côté des formes héritées du branle – dont 4 à embrassade, p. 139, 156, 157, 160. (Rondes, branles, caroles. Du branle chanté à la ronde-jeu. Dans les milieux populaires et notamment ruraux.)
Qui marierons-nous ? Cité à propos de cette chanson de danse-jeu – p. 155. (Rondes, branles, caroles. Annexe 9.)
Nous étions trois jeunes filles. Cité à propos de la longue carrière de cette ronde – p. 139. (Rondes, branles, caroles. Annexe 15.)
Consultable sur Google
- « Les chansons de mariage en Vendée » et « Danses maraîchines, Vendée », in La Tradition en Poitou et Charente ; art populaire ; ethnographie ; folklore ; hagiographie ; histoire. Paris, Librairie de la Tradition nationale, et Niort, 1897 (Actes du 1er Congrès d'Ethnographie nationale et d'art populaire), p. 385-393 et 405-408.
Contient 6 mélodies, 5 étant reprises de La Chanson populaire en Vendée, parmi lesquelles 2 avec des différences mélodiques.
Commentaire Van Gennep à propos des Chansons de mariage : « titre trompeur ; c'est en fait une bonne description des diverses phases de la cérémonie ».
Consultable sur Gallica
Salies de Béarn et ses environs à travers les âges. Vannes, impr. de Lafolye, s.d. (1898). Contient 2 mélodies.
Consultable sur Gallica
- La chanson populaire et la vie rurale, des Pyrénées à la Vendée ; avec préface de Paul Sébillot. Bordeaux, Féret, 1912, 2 vol. Contient 144 mélodies, dont 6 ont été publiées, la plupart avec de légères différences, dans La chanson populaire en Vendée.
Commentaire Van Gennep : « Ces deux ouvrages [avec La chanson populaire en Vendée] constituent ensemble une bonne monographie, avec localisation relativement précise ». « Notice bibliographique sur la littérature populaire ; incomplète. »
Commentaire Coirault : « Cette nouvelle publication est en 2 tomes. Le 1er, longue dissertation sur la chanson populaire et la vie rurale, en partie livresque (Avant-Propos p. X-XI) se termine par une notice bibliographique (13 pages) relative à la littérature populaire (quelques intéressantes indications) et par une table des 18 chansons intercalées dans l'étude et leurs airs. L'ensemble contiendrait « plus de 200 chansons, la plupart avec la musique notée » d'après la préface de Sébillot (p. X) ; une table comprenant d'un côté les chansons avec airs et de l'autre les textes verbaux seuls, est à la fin du T. II. Elles proviennent de la région du Sud-Ouest. Un grand nombre insérées dans le second volume sont dues à la mémoire remarquable d'un chanteur périgourdin venu habiter Bordeaux et allègrement portraituré au T. 1 (p. 10 et suiv.), ainsi qu'à d'autres chanteurs dépeints dans les XV premières pages du T. II. Là est annoncé un autre ouvrage : Chez George Sand... Chansons rurales de Nohant qui n'a pas paru. Mais Tiersot s'est chargé du sujet au chap. IV du volume de 1931 (La chanson populaire et les écrivains romantiques, 1931). (Notre chanson folklorique, Bibliographie).
Commentaire Guilcher : « Observe pour les Landes que la présence d'instruments n'excluait pas nécessairement la chanson [chantée par les danseurs en même temps que l'accompagnement instrumental] (p. 111). » (Rondes, branles, caroles. Bibliographie. Chansons et danses traditionnelles. Etudes et collectes. Branles chantés de tradition populaire.)
Consultable sur archive.org
Tome 1
Tome 2

Remarques
Si elles ne sont malheureusement pas très précises, Trébucq n'en donne pas moins quelques indications sur les conditions de sa collecte. Il faut distinguer deux grands types : ses collectes directes (Vendée, Bordelais, sans doute Béarn, peut-être en partie les Landes), et ses collectes indirectes (Armagnac, Périgord, les Landes en partie).
Poitou
La chanson populaire en Vendée. Trébucq est très probablement le collecteur de la plupart des chansons publiées dans ce recueil. Il mentionne toutefois deux communications, l'une de M. Métay, directeur d'Ecole primaire supérieure à « Sévigné » (Sérigné ?) près Fontenay, l'autre de M. Thibaut, instituteur-adjoint, à Saint-Jean-de-Monts. Ce dernier est par trois autres fois mentionné comme informateur : nous l'avons indiqué comme collecteur. A noter que 3 autres instituteurs ou instituteurs-adjoints figurent parmi les informateurs, qui sont peut-être à considérer comme des informateurs de deuxième main. Il nomme son informateur pour à peu près la moitié des chansons munies de mélodies. Il ne mentionne jamais (à une exception près) le lieu ou la date de naissance.
Il cite dans la même proportion le lieu de collectage. Les deux tiers des mélodies localisées le sont dans l'arrondissement de la Roche-sur-Yon (la moitié pour cette seule commune). Viennent ensuite, dans une moindre proportion, les cantons, à l'ouest, de Saint-Jean-de-Mont et, au sud, de Chaillé et de Maillezais. 3 ou 4 communes, dispersées sur le département, donnent chacune 1 ou 2 mélodies, à quoi il faut ajouter 1 mélodie venant des environs de Parthenay (Deux-Sèvres), et 2 de Légé, commune limitrophe à la Vendée située en Loire-Atlantique. Enfin, il ne précise jamais la date de collectage.
Les mélodies contenues dans cet ouvrage ont été, dans un premier temps, saisies par M. Paul Tellier, que nous remercions vivement de nous avoir ouvert son travail.
- « Les chansons de mariage en Vendée » et « Danses maraîchines, Vendée ». Ces deux articles, parus l'année suivante, reprennent pratiquement à l'identique les textes que Trébucq avait consacré à ces deux thèmes dans La chanson populaire en Vendée. 5 des mélodies sont reprises de ce dernier ouvrage, avec des modifications mélodiques pour 2 d'entre elles. Aucune information n'accompagne la chanson inédite (qui est une chanson de mariage).

Béarn
Salies de Béarn et ses environs à travers les âges. Cet ouvrage est destiné aux « touristes et baigneurs ». Il contient 2 mélodies dont on ne sait rien de leurs conditions de collecte. Elles ne sont pas reprises dans La chanson populaire et la vie rurale, des Pyrénées à la Vendée.
La chanson populaire et la vie rurale, des Pyrénées à la Vendée. Comme il a été dit plus haut, la zone géographique délimitée par le titre de cet ouvrage tient davantage aux aléas de la vie professionnelle et des rencontres de Sylvain Trébucq que d'une véritable unité ethnographique, même large (ainsi, entre la Vendée et le Bordelais ou le Périgord, sont absents l'Aunis, la Saintonge et l'Angoumois). Pas d'unité linguistique non plus, entre le Béarnais par exemple et les parlers poitevins (même si Trébucq consacre des pages, dans le 1er tome, aux différents dialectes rencontrés). Coirault dit, à juste titre, que le 1er volume est une « longue dissertation sur la chanson populaire et la vie rurale, en partie livresque ». Sont ainsi mêlés des notations folkloriques (au sens de Van Gennep) pertinentes sur diverses coutumes, des développements historiques à partir du texte de certaines chansons, et des annotations très fantaisistes – par exemple sur de prétendues origines druidiques de coutumes – le tout lié par une certaine emphase littéraire.
Les sources de Trébucq sont de trois ordres, qu'il n'est pas toujours facile de distinguer : ses propres enquêtes (Béarn, Bordelais, Bas-Poitou) ; un répertoire réuni par lui – à Bordeaux – auprès d'originaires d'autres pays : ainsi pour les répertoires du Gers, du Périgord, et en partie celui des Landes ; et une vingtaine de citations livresques (musique ancienne ou publications antérieures d'autres collecteurs).

Ses enquêtes directes

Béarn et Pays Basque
Aux 2 chansons béarnaises publiées dans Salies de Béarn et ses environs s'ajoutent 6 mélodies recueillies par lui en Béarn. Les lieux sont indiqués sommairement (vallée d'Ossau), les informateurs plus encore (« un berger », « une Ossaloise »...). Il publie également une chanson recueillie par lui à Bayonne, et une autre recueillie par lui en Béarn auprès de Basques.
Poitou
A sa collecte publiée en 1896, Trébucq ajoute 30 mélodies inédites (seules 2 traditionnelles sont reprises du 1er ouvrage). 2 ont été communiquée par M. Métay, déjà cité, 3 autres par Auguste Barrau. Les autres sont informées (informateurs, lieux de collecte) dans à peu près les mêmes proportions que dans le premier ouvrage.
Bordelais
19 chansons et cris de métiers ont été recueillis par Trébucq à Bordeaux. Une informatrice unique (Mme Barre, née vers 1842) lui en donne 16 (dont pratiquement tous les cris de métier).
Landes
6 chansons viennent des Landes, dont 4 au moins sont de collecte directe. 5 ont été collectées à, ou proviennent de Rion-les-Landes.

Ses enquêtes indirectes
A Bordeaux, il rencontre quelques personnes, dont deux s'avèrent être de précieux informateurs indirects sur le répertoire de chansons de leurs pays d'origine.
Armagnac
Sur les 25 chansons données comme provenant du Gers, 24 viennent d'un même informateur (et sans doute aussi la 25ème, mais ce n'est pas précisé) : M. Duputz, jardinier de la ville de Bordeaux, né vers 1852 dans l'ancien canton de Plaisance (« entre Nogaro et Riscle »).
Cet informateur unique fut-il un témoin ethnographiquement fiable (représentatif de sa communauté, ne serait-ce que celle des émigrés Gersois à Bordeaux), ou bien une « figure particularisée » au sens où Van Gennep désignait ces faux témoins, personnages plus ou moins extravagants aux yeux du groupe, vers lequel, immanquablement, on dirige dans un premier temps l'ethnologue peu averti ? Rien ne nous permet d'en décider pour M Duputz.
Ce qui n'est certes pas le cas du témoin principal auprès duquel Trébucq a recueilli « près de 500 chansons » du Périgord (préface de Paul Sébillot).
Périgord
Emmanuel Garraud donne 31 des 40 chansons provenant du Périgord (2 viennent d'une Mme Blanc, née vers 1852, et habitant à Bordeaux, les autres ne sont pas renseignées). Pour l'une d'entre ces 31 chansons, Trébucq donne des renseignements sur l'informateur de Garraud. Nous aurions donc pu tout aussi bien mentionner ce dernier comme collecteur, plutôt qu'informateur, mais cela ne nous aurait sans doute pas donné une image juste des conditions de collecte de Trébucq.
« Allègrement portraituré au tome 1 (p. 10 et suiv.) », remarquait Coirault : en effet, Emmanuel Garraud n'est pas un « informateur » au sens où l'entend l'ethnographie ou l'ethno-musicologie. Né en 1833 à Villamblard (Dordogne), il est peintre-décorateur et mouleur à Paris, et poète félibréen (notice BNF). C'est un personnage truculent, haut en couleur, qui a beaucoup voyagé – si Trébucq cherche, par effet littéraire, à en donner l'image d'un vagabond, on entrevoit plutôt celle d'un « touriste » à l'ancien sens du terme. Agitateur politique en 1870, « troubadour », « joyeux compagnon » : bref, c'est un « barde ». Et, ce qu'ignore ou tait Trébucq, c'est un auteur. Un auteur de chansons : Echos des champs et des bois, chants patriotiques et épiques, chansons patoises (Bordeaux 1884), mais aussi d’œuvres d'érudition locale : biographies du comte Wegrin de Taillefer (1863), de l'abbé Audierne (1869), Histoire généalogique et archéologique de Villamblard (1868)...

Les partitions de Sylvain Trébucq contiennent un assez grand nombre d'erreurs de notations musicales, notamment en ce qui concerne certaines durées de notes. Nous les avons corrigées quand la mélodie présentait par ailleurs des structures similaires, ou quand ces corrections semblaient évidentes, corrections que nous signalons toujours (dans les fichiers myr). Sinon, nous avons laissé les « erreurs » en les signalant par des « Sic ».

Recueils