auteur

EMMANUEL MAURICE (1862 - 1938)

Mise en musique et publication d'enquêtes menées par Bigarne et Masson entre 1840 et 1900 en Bourgogne (Côte-d'Or), principalement dans le pays de Beaune et en Auxois.
Musicien et docteur ès Lettres, helléniste, historien de la musique, maître de Chapelle puis professeur d'Histoire de la Musique au Conservatoire de Paris de 1907 à 1936. Il publie de nombreux ouvrages sur l'histoire de la musique(Carreau + BNF).

Commentaire Van Gennep : voir aux ouvrages.
Commentaire Coirault : voir plus bas à Patois et locutions du pays de Beaune.
Sans commentaire de Guilcher.

Publications concernant ou contenant des chansons ou de la musique traditionnelles, figurant dans les bibliographies Van Gennep et Coirault :

La danse grecque antique d'après les monuments figurés. Paris, Hachette, 1896, in-8°, XV-348 p., nombr. ill. et pl. Reprint Genève, Paris, Slatkine, 1984 et 1987. Sans musique.
Consultable sur Gallica
Commentaire Van Gennep : « Analyse chronophotographique des pas et figures ; ouvrage indispensable pour l'étude de nos danses pop. »

Histoire de la langue musicale. 1ère éd. 1910 ; 2e éd avec errata. Paris Laurens, 1928, 2 vol in 8° à pagination suivie, 331 et 335-678 p. Rééd. Paris, Laurens, 1951. Paris, Laurens, 1981. Volume 1 : Antiquité, Moyen Age. Volume 2 : Renaissance, Époque moderne, Époque contemporaine. Musique. Ne contient pas de musique traditionnelle.
Consultable sur archive.org
Volume 1
Volume 2
Commentaire Van Gennep. Figure aux rubriques Musique et chansons populaires. Généralités et comparaisons et Danses populaires, Traités Généraux. Pour ces dernières, renvoi, sans commentaire, t. I, p. 108-133, 152 ; t. II, p. 437, 506-512.
Commentaire Coirault : Opus mentionné, cité ou discuté dans NCF aux notes 2 p. 215, 2 p. 247-248, 2 p. 250, et 1 p. 254- 255 en des passages importants sur les mélodies et le rythme (Notre chanson folklorique).

Charles Bigarne : Patois et locutions du pays de Beaune. Contes et légendes. Chants populaires, paroles et musique. Beaune, Impr. A. Batault, 1891, XIX-250 et 21 p. de musique. Réédition en fac-similé Marseille, Laffitte, 1978. La musique est notée par Maurice Emmanuel, ce qui n'est pas indiqué dans l'ouvrage. Contient 28 mélodies.
24 d'entre elles seront reprises, (dont 2 sont fusionnées en une seule) avec plus ou moins de transformations, par Maurice Emmanuel, XXX Chansons bourguignonnes du pays de Beaune, lequel publiera en outre les mélodies de 3 chansons publiées ici sans musique.
Voir à Bigarne
Consultable sur archive.org
Commentaire Coirault: « Quelques versions folkloriques ou fragments divers (reproduits par Emmanuel). 28 notations musicales à la fin. A contrôler (...). Il est possible que d'apparentes adaptations lettrées ne soient pas de Bigarne. » (Notre chanson folklorique, Bibliographie).

XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune, précédées d'une étude historique. Paris, Durand, s.d. (Van Gennep dit 1907, Coirault 1917. La BNF indique 1913, et 1917 comme date du dépôt légal), in-4°, XLVII-188 p. Aboutissement posthume d'un travail de réédition et de correction des chansons et mélodies contenues dans l'ouvrage précédent, à l'exception de 4 d'entre elles. Emmanuel y ajoute 5 mélodies issues de la collecte de Charles Masson. Contient 31 mélodies.
Commentaire Van Gennep : « Excellent recueil ; la préface est un traité comparatif important. Bonne description de la danse de la Perdriole ».
Commentaire Coirault  : « Reproduit, rectifie et complète Bigarne, en joignant du piano aux mélodies vocales. Au préalable dans une étude théorique il prolonge l'emploi des antiques échelles modales sur notre art musical populaire. Un bon commentaire (p. XX et suivantes) précise l'origine des versions. Se méfier des essais de chronologie p. XLVII. (Sur « II était une fille » cf. notamment Recherches V p. 594 et note 3). Pour un autre point de vue sur la modalité musicale populaire cf. NCF p. 241 note 2 [note inexistante p. 241 ; il s'agit sans doute de la p. 247, où Coirault mentionne un « aveu » d'erreur d'Emmanuel quant au mode d'une chanson de Bigarne, préface des XXX chansons, p. VIII et suiv ]. Cf. aussi la note 1 de la p. 273 [Emmanuel n'est pas mentionné dans cette note ; il l'est p. 272, à propos des refrains sensiblement longs qui imposent leur mélodie aux couplets]. » (Notre chanson folklorique, Bibliographie.)

Dix chansons bourguignonnes du Pays de Beaune. Voix, orchestre. Op. 15. Version orchestrée de 10 des XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune. Dates d'orchestration : 1914, 1932-1936 (notice BNF, ouvrage non consulté par nous).

Remarques
La publication en deux temps de cette collecte, petite par la taille, et parfois douteuse quant aux textes, est importante du point de vue de l'histoire de la compréhension de la musique traditionnelle. Si Bigarne ne mentionne pas l'apport d'Emmanuel dans Patois et locutions du pays de Beaune, « par oubli ou par malice » (lettre citée par Emmanuel, XXX chansons,p. X), c'est qu'ils se sont brouillés du fait qu'Emmanuel ne notait pas de manière fidèle ce que Bigarne lui chantait. Emmanuel explique que cela lui était impossible : « Beaucoup de gens, qui cultivent la musique, acquièrent certaines habitudes de l'oreille dont ils ne s'évadent plus, parce qu'elles leur paraissent suffisantes à expliquer les faits musicaux qu'ils perçoivent. Inféodés aux échelles essentielles de l'art classique (...) le Majeur (...) et le Mineur, ils sont persuadés que ces deux échelles résument tout, s'appliquent à tout, suffisent à tout » (p. IV). Emmanuel s'inclut parmi ces gens : « Tout plein de ce concept scolaire, je ne pus admettre que les mélodies de Charles Bigarne échappassent à ces formules. Lorsque sa voix nuancée me distilla ces airs, je voulus les contraindre à prendre la livrée des deux modes types » (p. IX). Et de donner quelques exemples de la différence entre ce que chantait Bigarne et ce qu'il notait, en s'exclamant : « quelle platitude ! ».
S'il revient vers Bigarne quelques années après, pour reprendre et corriger le travail mené avec lui, c'est qu'entre-temps Emmanuel a découvert, à travers notamment l'enseignement qu'il a reçu au Conservatoire de la modalité ecclésiastique, la musique modale, qui donnait raison à Bigarne. Sa préface constitue donc, par sa formulation, un apport de première importance à la reconnaissance de la modalité de la musique traditionnelle.
Il n'est pas impossible que, porté par l'enthousiasme du néophyte, il ait poussé un peu loin ce travail de correction : sur une si petite quantité de mélodies, il parvient à en trouver 12 en mode de do, 12 en mode de la, 3 en mode de ré, 1 seule – ce qui est curieux – en mode de sol, mais, plus curieux encore, il parvient à en trouver une en mode de mi et une en mode de fa...

Patois et locutions du pays de Beaune
Bigarne ne mentionne jamais le nom de ses informateurs. Il indique que ses notes ont été prises, « il y a une quarantaine d'années, dans le cours de [ses] nombreuses excursions ». Par deux fois, il dit « il y a un demi-siècle », et une fois « il y a trente ans » : sa collecte aurait ainsi été menée entre les années 1840 et 1860. Pour 13 de ses chansons, il n'indique aucun lieu : nous mentionnons alors, entre parenthèses, pays de Beaune. Pour le reste, ses localisations sont rarement précises (Auxois, pays d'Arnay, etc.).
Les mélodies ne sont pas numérotées, mais nous avons numéroté les titres dans l'ordre d'apparition des mélodies, pour permettre la correspondance avec les renvois d'Emmanuel qui, lui, les a numérotées.

XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune, précédées d'une étude historique.
L'enthousiasme du commentaire de Van Gennep mérite d'être tempéré par les remarques de Coirault, notamment sur la datation des chansons.
Emmanuel mentionne souvent des lieux plus précis que Bigarne : se fonde-t-il sur des notes de celui-ci, ou est-ce par fantaisie ? Il cite Albert Moignot, Antonin Bourgeois, Edme Grandpré, M. Morelet et le marquis d'Ivry qui lui ont apporté des corrections, des variantes ou des ajouts -textuels ou mélodiques- à la collecte de Bigarne. Il mentionne son propre père pour la description chorégraphique de la Perdriole.
Enfin, il adjoint 5 mélodies que lui a données son ami Charles Masson. On connait le nom de quelques-uns des informateurs de ce dernier, ainsi que les lieux de collecte (en Auxois), mais aucune date n'est donnée.
La partie musicale de l'ouvrage d'Emmanuel n'a pas pour vocation d'être une publication de collecte, mais une œuvre musicale pour chœur et piano. Nous indiquons, au premier couplet, les différences, quand il y en a (et elles peuvent parfois être importantes), avec la publication dans Patois et locutions... Chaque couplet est noté, ce qui permet de voir l'adaptation mélodique aux paroles de chacun d'entre eux. Mais c'est aussi l'occasion pour Emmanuel de faire œuvre de création musicale, et nombre des variations notées sont sans aucun doute de son fait, et non des informateurs qu'il n'a jamais rencontrés (son informateur direct était Bigarne, qui lui chantait ses chansons). Nous avons reproduit ces variations (quand il n'y en a pas, nous mentionnons que la mélodie est identique pour chaque couplet) et certains arrangements. En revanche, nous n'avons pas respecté, le plus souvent, la longueur des notes finales des couplets, longueurs qui correspondent à l'accompagnement du piano.

Recueil