auteur

GUILLON CHARLES (1847 - 1913)

Enquête menée avant 1883 en Bresse et en Bugey (Ain).
Archéologue et collectionneur. Fondateur du Musée d'Ethnographie qui porte son nom (Carreau), aujourd'hui réuni aux musées Lorin et Gustave Lambert, sous le nom de musée de l'Ain, à Bourg-en-Bresse.
Il publie quelques travaux d'archéologie avec l'abbé Tournier entre 1895 et 1903.
Commentaire général de Coirault :
Figure parmi les « meilleurs » des « collecteurs experts », « bons et heureux collectionneurs » dont « l'abondance, la sincérité, la qualité des textes classent au premier rang leurs recueils de chansons ». (Notre Chanson folklorique, p. 300).
Mais, ailleurs, Coirault n'est pas avare en reproches (voir plus bas au recueil), qu'il conclut par : « Mais quant au recueil de Guillon, même ses défectuosités ne sont pas sans valeur ; il équivaut à certains égards à une expérimentation ; l'étude comparée a son profit dans l'analyse de défaillances et d'à peu près. » (Notre Chanson folklorique, bibliographie.)

Publications concernant ou contenant des chansons ou de la musique traditionnelles :
Chansons populaires de l'Ain, Ed. Monnier et Cie, Paris, 1883, °, XLVIII-656 p., avec préface de Gabriel Vicaire. Réédition avec pagination différente : Robert Ferraris, 1998. Contient 75 mélodies.
Consultable sur
Gallica
et sur
Archive.org
Commentaire Van Gennep : « Chansons obtenues pour la plupart dans la commune de Ceyzériat ; on ne doit pas croire qu'elles sont universelles dans l'Ain. »
Commentaire Coirault :
« Grosse récolte directe, prélevée en 4 ou 5 points de la Bresse et du Bugey d'après la Préface de Gabriel Vicaire où sont portraiturés 4 fournisseurs principaux (p. VII à IX). L'auteur ne se serait « pas permis de changer une syllabe aux textes » dit Vicaire (p. XII). Sa sincérité paraît en effet grande. Mais comment a-t-il opéré ? Vicaire n'en dit rien. Chaque version se termine par « Dicté par » (etc.). Serait-ce que le chanteur ne la chantait pas au collecteur ? La faute serait grave ; nous savons combien le chant est indispensable à un bon fonctionnement de la mémoire. Faut-il craindre encore que la notation, mal conditionnée, qui ne porte que sur 75 versions (suivant des séries de 23, 36, 5, 6, 3 et 2, parmi 300 pièces environ) leur soit un supplément postérieur et peut-être d'autre provenance ? L'air (non pas le chant) est placé en tête, avant les couplets et ne s'adapte pas toujours aisément même au premier. Guillon n'aurait-il pris à ses fournisseurs que la première dictée venue, extraite tant bien que mal d'un chant intérieur, aux sons et aux rythmes inexprimés ? quand il aurait dû le faire extérioriser et, par des insistances, des répétitions provoquées et renouvelées en différents points contraindre les mémoires, forcées dans leurs retranchements, à livrer toutes leurs réserves de souvenir. Tant de versions tronquées, mélangées, boiteuses, infirmes, brisées, évoquent des cueillettes de l'après-guerre 1914-18 par d'infortunés collecteurs auprès de mémoires orales en lambeaux ou trop bien servies par les proches imprimés et les échos de la radio et du disque. Mais quant au recueil de Guillon, même ses défectuosités ne sont pas sans valeur ; il équivaut à certains égards à une expérimentation ; l'étude comparée a son profit dans l'analyse de défaillances et d'à peu près. » (Notre Chanson folklorique, bibliographie.)
Cité parmi ceux dont les « poésies [textes verbaux recueillis] sont veuves de presque tous les airs ». (Notre Chanson folklorique, p. 199, n. 2.)
Commentaire Guilcher : Cité parmi les collecteurs qui, travaillant sur un milieu dont la culture, amoindrie, est en voie de disparition, sont amenés, contrairement à Arnaudin, à regrouper dans une rubrique particulière les « chansons de danse » selon ce que peuvent leur en dire leurs informateurs. (Rondes, branles, caroles, le chant dans la danse. Bibliographie. Chansons et danses traditionnelles. Etudes et collectes. Introduction). Cité à propos de la chanson de danse jeu « La recherche de la mie ou le bouquet perdu (Idem, Annexe 8, p. 525.)

Commentaire Van Gennep quant à la préface de Vicaire : Pour la danse (p. XLIII+XLIV) : « Insuffisant ».
Commentaire Guilcher quant à la préface de Vicaire : Cité pour exemple du fait que « Tous les collecteurs, sans exception, observent que les chants tenus par eux comme « vraiment populaires » ont en commun d'être connus par tradition orale ». (La chanson folklorique de langue française, p. 67-69). Partisan de la théorie qui, en opposition à la théorie romantique, attribue la création des chansons populaires à des individus « encore indéterminés, comme noyés dans la masse populaire (Coirault) ». Idem,p. 75.

Remarques
Il n'y a pas grand chose à ajouter à ce que dit Coirault, si ce n'est quelques précisions. Sur 285 textes de chansons (compte non tenu des prières), seuls 75 sont dotés d'une mélodie, soit un peu plus de 26%.
La plupart des mélodies viennent de Ceyzériat (69), 5 proviennent de Bourg, de Journans, Ramasse, Saint-Etienne-du-Bois et de Villereversure, communes proches de Ceyzériat (situées dans les anciens cantons de Bourg, Treffort et Pont-d'Ain, tous limitrophes de celui de Ceyzériat). Une seule est sans provenance indiquée. Les mélodies viennent donc du nord-est de la partie bressane du département de l'Ain.
Cependant, contrairement à ce que dit Van Gennep, la zone d'enquête ne se limite pas aux environs de Ceyzériat. Si 64 % des textes environ viennent de cette commune (et près de 79 % du canton dont elle était le chef-lieu), le reste (62 textes) vient d'autres localités éloignées, depuis l'ouest de la partie bressane du département, jusqu'au Haut et au Bas Bugey.
Les textes (295 chansons, avec ou sans mélodies, et prières) viennent, d'ouest en est, des (anciens) cantons de :
- Bâgé-le-Châtel (communes de Bâgé, 1 texte, et de Saint-Laurent-lès-Mâcon - actuellement Saint-Laurent-sur-Saône, 2 textes) ;
- Bourg-en Bresse (commune de Bourg, 4 textes, et peut-être un cinquième) ;
- Treffort (communes de Meillonnas, 2 textes, et de Saint-Etienne-du-Bois, 1 texte) ;
- Céyzeriat (communes de Ceyzériat, 191 textes, de Jasseron, 12 textes, de Rignat, 1 texte, de Ramasse, 4 textes, et de Villereversure, 24 textes) ;
- Pont-d'Ain (communes de Journans, 4 textes, et de Saint-Martin-du-Mont, 1 texte) ;
soit 248 textes dans 12 communes pour la Bresse
et, du nord au sud, des cantons de :
- Izernore (commune de Serrières-sur-Ain, 5 textes) ;
- Bellegarde-sur-Valserine (communes de Champfromier, 1 texte, et de Saint-Germain-de-Joux, 3 textes) ;
- Lagnieu (commune de Leyment, 5 textes) ;
- Virieu-le-Grand (commune de Rossillon, 30 textes) ;
soit 44 textes dans 5 communes du Bugey.
2 textes ne sont pas localisés.

Dans sa préface, Vicaire cite (p. VIII) quatre informateurs principaux : Jeanne Vugnon, femme Cherel et Joseph Brédy, dit Lafleur, de Ceyzériat (qui ont fourni à eux deux 76 % des mélodies notées et 51 % de l'ensemble des textes) et Antoinette Basset, femme Perraud, et Jean-Marie Suchet, dit Trois-Vieilles, de Rossillon (aucune mélodie notée, 10 % des textes). Leurs portraits illustrent la préface (p. VII à IX). Jeanne Vugnon et Antoinette Basset sont de vieilles femmes, tandis que les deux hommes semblent dans la force de l'âge. Mais il y a 40 autres informateurs nommés en tout (dont 3 désignés par une simple initiale). Guillon n'indique rien quant à leurs lieux et dates de naissance.

Un certain nombre de partitions présentent quelques erreurs de notation : nous indiquons (dans les fichiers myr) celles que nous avons corrigées (uniquement des erreurs de durée ou d'indication de la mesure). Pour ce qui est de possibles erreurs de hauteur de note, discutables - et que nous indiquons - nous n'y avons pas touché. Pour 2 mélodies, nous les publions telles quelles, et proposons dans un autre fichier des corrections.

Nous indiquons, en plus du n° de page de l'édition originale, celle de la réédition faite par Robert Ferraris.

Recueil