auteur

WECKERLIN JEAN-BAPTISTE (1821 - 1910)

Enquête menée certainement avant 1870 en Alsace (Haut-Rhin, Bas-Rhin et actuel Territoire de Belfort), et en Suisse (de manière épisodique).
Compositeur, bibliothécaire du Conservatoire de Paris. S'intéresse très tôt à la chanson traditionnelle (dès 1853). C'est surtout un grand compilateur qui s'est constitué une énorme bibliothèque spécialisée (fonds Weckerlin au département de la musique de la BNF) (Carreau).
Il est notamment connu pour ses publications, sans cesse rééditées, de chansons et rondes enfantines.
Commentaires Coirault
Si Coirault salue en lui « L'un des premiers musiciens qui se sont appliqués à l'étude de notre chanson folklorique [...], en même temps qu'initiateur, vulgarisateur de marque » (Notre chanson folklorique, Bibliographie), il multiplie les critiques sur la sincérité de ses publications : « II l'aimait tant (la chanson folklorique) qu'il lui refaisait des airs. Il les a signés pour une douzaine de chansons à qui un certain M. V*** « reconstituait » des paroles. (idem, à propos de La chanson populaire, 1886) ; ou : « Sa documentation n'est pas toujours irréprochable et a besoin d'être vérifiée » (Recherches sur notre ancienne chanson populaire traditionnelle, V, renvoi 1 de la p. 453) ; ou encore, à propos d'une mélodie publiée dans Chansons populaires du pays de France (1903) : « Cet air n'a rien d'un air populaire et constitue, à mon avis, une supercherie de Weckerlin » (Recherches, p. 220). Coirault note enfin la notable influence des publications et concerts, dès 1860, de Weckerlin sur les chansons traditionnelles recueillies ultérieurement (voir plus bas à Chansons populaires des provinces de France, 1860).
Autres remarques de Coirault :
Cité parmi ceux qui ont utilisé la fausse notion de « naïveté » pour définir la chanson traditionnelle. (NCF, p. 327-328)
« D'après différents auteurs, regardés généralement comme compétents, le répertoire populaire ne comporterait pas la chanson à boire. Weckerlin l'avait insinué de façon assez prudente et oblique, M. Tiersot l'a affirmé catégoriquement. » [Ce avec quoi Coirault n'est pas d'accord]. (Recherches... p. 144 n. 2.)
« [Nombreux ont été les auteurs] à puiser sans le dire chez cet auteur qui a beaucoup et utilement travaillé le champ de la chanson populaire. Ce travail il est vrai, Weckerlin l'a conduit avec une fantaisie telle qu'il en est parfois résulté d'extraordinaires inadvertances. [...]. Évidemment pareilles distractions rendent l'autorité de Weckerlin fort discutable, moindre encore sans doute que celle de Loquin, et peuvent induire des érudits de bonne école à ne le citer pas, même quand ses références sont exactes et ses vues justes. Je me ferais scrupule d'omettre, en terminant, qu'environ vingt ans plus tard Weckerlin a effectué le rétablissement nécessaire [à l'une des "inadvertances" citée en exemple] (Recherches... p. 453, n. 1.).
[A propos d'une mélodie donnée par Weckerlin dans La chanson populaire, 1886] « J'avoue avoir de la peine à croire à cette mélodie, comme parfois en Weckerlin lui-même. » (Recherches... p. 540.)
Commentaires Van Gennep
Van Gennep
n'est guère moins sévère dans son commentaire des Echos du temps passé (1853) : « choix arbitraire ; l'auteur a recherché le joli et non le typique régional », ou lorsqu'il juge « superficiel » La chanson populaire (1886), quand il ne se contente pas de citer Tiersot à propos de Chansons populaires des provinces de France (1860) : « Ces textes sont presque tous des arrangements ou des traductions sans valeur, indignes de figurer dans un travail sérieux », Tiersot, R.T.P., t. VII, 1892, p. 370.
Commentaires Guilcher
Guilcher note à propos de ses publications de rondes : « Apport le plus décisif après 1881 » pour ce qui est des publications destinées à l'enfance, insistant sur l'influence de la circulation de versions consacrées par la tradition écrite sur les versions orales recueillies ultérieurement (Rondes, branles, caroles, annexes 20 et 21).

Publications concernant ou contenant des chansons ou de la musique traditionnelles :

Échos du temps passé. Paris, Flaxland, 3 vol in-4° : t. I, 1853, 149 p. ; t. II, 1857, 145 p. ; t. III (chez Durand), 140p. Constamment rééd. jusqu'en 1939. (Ouvrage non encore consulté par nous.)
Le volume 1 est consultable sur archive.org
Commentaire Van Gennep
: « choix arbitraire ; l'auteur a recherché le joli et non le typique régional. »

- Avec Champfleury (Jules-François), Chansons populaires des provinces de France. Paris, Bourdillat, 1860, 1 vol. gr. in-8°, ill. XXVII-224 p. Ed .Plon, Lécrivain et Toubon, 1860 (même paginat.) (références Van Gennep), ou Paris, Garnier frères, 1860. In-4°, XXVII-224 p. (références Coirault). Avec musique. (Ouvrage non encore consulté par nous.)
Consultable sur Gallica
Commentaire Van Gennep : « Ces textes sont presque tous des arrangements ou des traductions sans valeur, indignes de figurer dans un travail sérieux. Tiersot, R.T.P., t. VII, 1892, p. 370. »
Commentaire Coirault : « Sans être entièrement négligeable est à contrôler sévèrement. Il n'est pas très difficile de remarquer qu'en sus du pastiche « bourguignon » composé en 1840 par Fertiault pour Les Français peints par eux-mêmes, bon nombre de textes verbaux et musicaux sont manifestement falsifiés ou n'ont rien de folklorique ni même d'ancien. Nombreuses pièces fournies de seconde ou troisième main par des intermédiaires lettrés (pour Maurice Sand voir préface p. XI en note) ou de haute lice, grandes dames racolant des assemblées de chanteurs aux environs de leurs châteaux » (Notre chanson folklorique, bibliographie ; voir aussi note 2 de la p. 23, une importante note 1 de la p. 223 et les notes 2 et 3 de la p. 309).
« A l'époque où notre grande mode folklorique s'élargissait, un nombre important de chansons a été réuni par Champfleury et Weckerlin sous le titre Chants et chansons populaires des provinces de France (1860). Là, aux textes poétiques plus ou moins refondus et augmentés s'ajustaient des musiques en apparence fidèles et en fait d'une authenticité suspecte. Ces chants, qui tous accompagnés de piano ne sont pas tous folkloriques, ont donné lieu à plusieurs auditions musicales à grand tralala dans des salles parisiennes. (Deux prospectus-programmes sont reliés avec l'exemplaire de la B. N. coté Ye 2262). De là (ou de l'ouvrage même) ils se sont transportés avec tel chanteur du genre frères Lyonnet (ou sans lui) dans les salons et sur les pianos de la capitale et leurs succursales de province où ils ont fait florès, et souche vierge avant d'être pieusement recueillis « de la bouche du peuple » par nos folkloristes et autres antiquaires. Pour le moins en ces temps démophiliques du Second Empire, la réclame a fait faire peau neuve à certains airs et rafraîchi des paroles. Et on peut remonter plus haut. Qui repasserait le répertoire du théâtre et du concert au XIXe siècle y relèverait par intervalles la naissance d'un air ou refrain « nouveau » à quelqu'une de nos chansons folkloriques. (Cf. NCF la note 4 de la p. 199). Y aurait-il la surprise de voir que l'air (introuvable) composé en 1852 pour la Claire fontaine par Couder a fourni à cette chanson une nouvelle mélodie populaire et que des folkloristes postérieurs l'ont faite air très ancien ? (Cf. à Recherches la note de la p. 200). A un auteur un peu sérieux est indispensable un scepticisme qui le garde contre de pareilles méprises et le conduise plutôt à les dépister. » (p. 223, n. 1.)
« Le clou de concerts spéciaux aménagés par Weckerlin dans des salles parisiennes était l'audition des « Chansons populaires des provinces de France » (1860) (...) elles paraissaient en livraisons pourvues de copieuses instructives notices par Champfleury, l'initiateur du « réalisme littéraire » (p. 300).
Commentaire Guilcher : « reprend des textes publiés par Dumersan, contribue à son influence – toujours directement perceptible dans la chanson et la ronde enfantines » (La chanson folklorique de langue française : la notion et son histoire, p. 52) ; étend, en 1860, la constatation d'une désaffection des campagnes à l'égard des chansons traditionnelles [Guilcher donne une longue citation extraite de la préface, p. III] (idem, p. 59) ; porté à croire (comme d'autres) que la chanson traditionnelle est née en milieu paysan, opinion qui, « de nos jours encore, hante confusément bien des esprits. » (idem, p. 69). »

Chants et chansons populaires du printemps et de l'été, Paris, Bulletin de la société des compositeurs de musique, t. VII, p. 159-211 ; t. à p.Paris, 1869, gr. in-8°, 53 p. Musique. (Ouvrage non encore consulté par nous.)
Sans commentaires de Van Gennep, Coirault et Guilcher
Consultable sur e-book

Fêtes et chansons populaires du printemps et de l'été.
- La chanson de Jean de Nivelle.
réunis in Opuscules sur la chanson populaire et sur la musique, Paris, J. Baur, 1874. Musique. (Ouvrage non encore consulté par nous.)
Consultable sur Gallica

Chansons populaires de l'Alsace, avec airs notés. Paris, Maisonneuve, Les Littératures populaires de toutes les nations ; t. XVII et XVIII, 1883. 2 vol. in-8° écu, CXXIV-334 et 376 p.
Contient 125 mélodies dont 1 timbre mentionné identifié.
Consultable sur archive.org
tome 1
tome 2
Sans commentaires de Van Gennep, Coirault et Guilcher

Ouvrages consacrés aux chansons et rondes enfantines :
Chansons de France pour les petits Français… Paris, E. Plon, Nourrit et Cie, (s.d., 1884 chez Beaurepaire-Fromont). In-4° obl., 48 p., ill., musique. Rééd L'école des loisirs, 1987. (Ouvrage non encore consulté par nous.)
Consultable sur Gallica
- Chansons et rondes enfantines. Garnier frères,1885. In‑ 4°, VII-116 p.
Contient 57 mélodies.
Consultable sur Gallica et sur archive.org
- Chansons et rondes enfantines des provinces de la France. Paris, Garnier frères, 1889. In-4°, IX-94 p., fig., pl., musique. (Ouvrage non encore consulté par nous.)
Consultable sur Gallica
Nouvelles chansons et rondes enfantines. Paris, Garnier frères, 1886. In-4°, XI-83 p., fig., musique. (Ouvrage non encore consulté par nous.)
Consultable sur Gallica

Non répertoriés par Van Gennep.
Commentaire Coirault : « le recueil le mieux fourni en chansons traditionnelles adaptées aux enfants ou adoptées par eux, paraît être dans 4 volumes de Weckerlin » (Notre chanson folklorique, bibliographie [à Dumersan]).
Commentaire Guilcher : « Apport le plus décisif après 1881 » ((Rondes, branles, caroles, Bibliographie : renvoi à Annexe 21. Publications destinées à l'enfance. Annexe 20 Ah ! mon beau château ! Cité à propos de cette ronde, exemple d'un phénomène de folklorisation commençante doublé, contrarié, voire totalement inhibé par la périodique remise en circulation d'une version consacrée par une tradition écrite – Guilcher ne précise pas dans quel ouvrage.

La chanson populaire. Paris, Firmin-Didot, 1886. In-8°, XXXI-207 p., musique. (Ouvrage non encore consulté par nous.)
Consultable sur Gallica
Commentaire Van Gennep : « Superficiel »

- L'ancienne chanson populaire en France (16e et 17e siècle)… Paris, Garnier frères, 1887. In-16, XXXIX-534 p., musique. (Ouvrage non encore consulté par nous.)
Consultable sur Gallica
Non répertorié par Van Gennep
Commentaire Coirault : « Incorpore également des textes folkloriques pris aux Instructions de J. J. Ampère, à l'étude de Beaurepaire, à l'opuscule de Haupt, etc. Ils sont loin d'être constamment irréprochables. Par exemple sa transcription des pièces tirées du « Non le Trésor» (etc.) n'égale pas en fidélité les « Airs de Cour » de Brossart qui répètent, sans le dire, en 1607 à Poitiers ce recueil rouennais de 1602 (B. N. Réserve Ye 2626). » (Notre chanson folklorique p. 322, n. 2.)

- Chansons populaires du pays de France. Paris, Heugel, 1903. 2 vol. in-4°, musique. (Ouvrage non encore consulté par nous.)
Commentaire Coirault : « Son dernier gros ouvrage (...) n'est pas sans montrer quelques chansons folkloriques au milieu d'une quantité d'airs et textes chargés de commentaires, et de piano. »
Tome 1 consultable sur archive.org
Tome 2 consultable sur Gallica

Remarques
Chansons populaires de l'Alsace
Ni Van Gennep, ni Coirault ne commentant cet ouvrage, il est bien difficile, au vu de ce qu'ils disent par ailleurs de Weckerlin et de ses travaux, de juger de la « sincérité » de la collecte. Ce silence s'explique sans doute en grande partie par le fait que les chansons n'appartiennent pas au domaine linguistique français : Coirault ne donne de numéro d'inventaire qu'à 4 chansons (+2 variantes) seulement, sur plus de 130 (y compris celles dépourvues de mélodies) : les seules dont les paroles sont en français.
Weckerlin fait souvent mention de recueils de chants populaires allemands (notamment Kretzschmer, Deutsche Volkslieder (Chansons allemandes), Berlin, 1838), mais pour indiquer qu'il y a des différences avec ce qu'il publie, et les expressions qu'il utilise (« notre air a été noté d'après l'expression populaire », etc.) peuvent laisser penser que son recueil n'est pas une compilation, mais bien une œuvre de collecte.
Weckerlin ne donne pratiquement aucun renseignement sur les conditions de sa collecte : de très vagues indications (« il y a déjà une vingtaine d'années ») peuvent laisser penser, sans aucune certitude, qu'elle a eu lieu avant la guerre de 1870. Les lieux de collecte sont eux aussi rarement indiqués : pour seulement 34 mélodies, il y a 8 noms de localité, et quelques autres indications plus vagues (le Sundgau, quelques villages du Haut-Rhin, etc.). Il ne donne aucune indication sur ses informateurs, à part de très rares mentions comme « les ouvriers de fabrique », ou « Un pauvre diable sur le bord de la route », à une seule exception, Deflandre, ouvrier de fabrique, sans doute à Guebwiller, qu'il ne mentionne expressément qu'une fois, mais dont il dit, sans plus, que sa collection renferme plus d'une pièce écrite sous sa dictée (t. II, p. 307).
La plupart des Noëls et cantiques publiés dans le tome I viennent du Neu Volkommen Catholisches Gesangbuch des Bisthums Starsburg (nouveau recueil de cantiques catholiques du diocèse de Strabourg), de 1697, qu'il appelle par la suite « Cantiques de Strasbourg ».
Les titres des chansons donnés aux pages du livre où figurent les partitions peuvent différer de ceux de la table des matières, qui reprennent le plus souvent les incipit. Ce sont ces derniers que nous avons choisis. Nous les faisons suivre, entre parenthèses, par le titre donné dans le corps de l'ouvrage, lorsqu'il diffère, suivi de sa traduction.
Les mélodies ont été saisies par Christophe Toussaint et publiées, sous des formats différents des nôtres, sur son site epinette.fr, à la page répertoire.
Elles ont été revues et, pour quelques rares cas, corrigées par nous. Nous le remercions de nous avoir généreusement donné accès à son travail.

- Chansons et rondes enfantines (1885).
Weckerlin ne donne aucune indication sur les conditions de la collecte, pas même s'il en est le collecteur, à une localisation près (très imprécise : « bien connue à Paris »). Une des 57 mélodies est empruntée à Bujeaud (Chants et chansons populaires des provinces de l'ouest, t. 1, 1865).

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